En longeant le quai Loti en direction du ruisseau du Traou, on arrive à Kerpalud, et l’on peut découvrir un cimetière un peu particulier puisqu’il s’agit d’un cimetière de bateaux. Trois épaves gisent ici. Un gros canot est couché sur le flanc, sur la vase, et deux bateaux sont posés sur les rochers qui renforcent la digue. L’un d’eux fut certainement thonier ou sardinier, à une époque où Paimpol était un port de pêche actif. Quelques couches de peintures, qu’on imagine avoir été vives, font encore de la résistance sur la coque. Le temps, les embruns et les marées ont commencé leur œuvre. Dans quelques années, les coques auront disparu, ne laissant plus apparaitre qu’un squelette de membrures en bois. Pour les anciens marins, ce lieu est une décharge et rappelle la fin malheureuse de l’époque héroïque de la pêche. Pour les enfants, c’est un lieu d’aventure où on joue au pirate. Pour les promeneurs c’est un lieu d’errance mélancolique qui invite au rêve et à l’évasion. Ces bateaux usés par le temps entretiennent la mémoire maritime dans une exposition en plein air. Pour le photographe, le bois et la rouille sont une belle source d’inspiration et d’expression graphique.