NIKOS ALIAGAS, CORPS ET ÂMES
- Eric Poulhe
- 16 avr. 2016
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 mai 2023
CONCIERGERIE, PARIS
24 mars 2016 - 22 mai 2016

Du 24 mars au 22 mai 2016, le Centre des monuments nationaux (CMN) invite Nikos Aliagas à exposer son travail photographique à la Conciergerie. Dix impressions de très grands formats en noir et blanc complétées par une centaine de clichés projetés composent « Corps & Âmes » et révèlent la curiosité, la sensibilité et la sincérité de cette personnalité connue de tous. Dans une déambulation au milieu des colonnes multiséculaires de la Conciergerie, le visiteur croise, contourne et retrouve des clichés pris sur le vif, révélateurs d’histoires et de sentiments. Très tôt, Nikos Aliagas a commencé à photographier les personnes qu’il croisait « par peur de ne plus les revoir », créant ainsi ses albums de rencontres. Malgré sa carrière cette passion ne l’a jamais abandonné. Ill devient journaliste, présentateur de télévision, chroniqueur pour la presse écrite et la radio. Avec l’apparition du smartphone et la multiplication des réseaux sociaux, il trouve un moyen discret et rapide de saisir l’instant, le « moment suspendu ». Il ressort son appareil photo afin de capter, auprès des personnalités qu’il côtoie et interroge ou dans l’échappée de ses retraites grecques, dans les regards, les mains et les corps, une partie de l’âme de ses modèles. « Ce moment intime ou faux-semblants et postures n’ont plus lieu d’être. » De ces images ressortent une proximité et un échange humain, ouvertures discrètes sur l’histoire de chacun. Trois temps animent l’exposition au sein de la Conciergerie. Tout d’abord, dix tirages grands formats sur bâche ont été choisis pour leurs sujets, leurs constructions diverses et leurs facultés à faire ressortir les différentes matières. Au milieu du parcours, une première projection élargit cet horizon : portraits, mains et champs larges s’entremêlent. Enfin, au terme de la visite, les personnalités happent les visiteurs d’un dernier regard. En ouvrant les portes de la Conciergerie à Nikos Aliagas, le Centre des monuments nationaux souhaite montrer une facette dissimulée de l’homme public. C’est également, pour l’établissement, l’occasion d’ouvrir ce monument d’exception à un large public.
Commissariat de Julie Pellegrin
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Nous connaissons tous Nikos Aliagas, l’homme des médias qui balance entre télévision, radio, presse et réseaux sociaux. Présentateur, journaliste et chroniqueur pour la presse écrite et la radio, il côtoie de nombreuses personnalités du « show biz » dont il prend des instantanés au fil de ses rencontres, et qu’il publie ensuite sur le web.
Souvent épinglé comme journaliste people, notamment en tant que présentateur vedette d’une émission de télé hebdomadaire qui parle des stars et de leurs potins, on pourrait le croire superficiel, lisse, sans caractère, uniquement intéressé par l’aura des personnalités qu’il rencontre. Les clichés qu’il prend d’eux sont tout au contraire remplis de personnalité et de sensibilité. Il arrive à attraper un regard, une attitude qui va toucher. Il n’y a pas d’artifice, les photos sont juste vraies. Un espace de l’exposition présente un grand nombre de ces photos sous forme de diaporama.
Mais prendre uniquement des photos des artistes qu’il croise dans l’exercice de son métier, ne lui suffit pas. Il souhaite également s’inscrire dans une démarche plus humaniste et curieuse en photographiant des proches ou des anonymes rencontrés au hasard des pays qu’il parcoure. Son destination privilégiée est évidemment la Grèce, son pays, où il aime s’y ressourcer. La place de l’humain est prépondérante dans ses clichés où les sujets sont toujours photographiés dans un cadre naturel qui n’a pas été aménagé. On sent qu’il y a un véritable échange entre le sujet et le photographe. Au-delà de la recherche d’une esthétique et d’un graphisme recherché, avec un très joli piqué, les images exclusivement en noir et blanc sont authentiques et sincères. Elles racontent toutes une histoire, qu’il va d’ailleurs écrire à côté des photos qui sont exposées.
L’exposition met en valeur dix grands tirages sur bâches très différents, placés au milieu des voûtes et des colonnes de la Conciergerie, que l’on croise et contourne avec curiosité et intérêt.
Les mains tatouées de Joey Star ne trichent pas. Elles semblent avoir tant vécu… Capitan Pedro, le marin Cubain au cigare impose naturellement le respect. Eleni la sculptrice de Naxos, dont le visage est caché derrière une loupe n’est que mystère. Tequila, l’homme couvert de boue de la tête aux pieds, ressemble à un ouvrier sortant d’un puits de pétrole au passé bien rempli. Même si la vie ne doit pas être facile en ce moment à Athènes, une famille de gitans se laisse photographier avec espièglerie et connivence, chaque personnage offrant une attitude ou un regard très personnel. Le tableau proposé par les enfants de l’île Maurice dans les vapeurs d’une journée de chaleur, n’est que douceur et pureté.
Toutes ces photos ont un dénominateur commun, la sincérité et la sensibilité.
E.P.