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WALKER EVANS

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 29 juin 2017
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 mai 2023

CENTRE POMPIDOU, PARIS

26 avril 2017 - 14 août 2017

Walker Evans (1903-1975) est l’un des photographes américains les plus importants du 20e siècle. Ses photographies de l’Amérique en crise dans les années 1930, ses projets publiés dans le magazine Fortune dans les années 1940 et 1950 et son « style documentaire » ont influencé des générations de photographes et d’artistes. Par son attention aux détails du quotidien, à la banalité urbaine et aux gens de peu, il a largement contribué à définir la visibilité de la culture américaine du 20e siècle. Certaines de ses photographies en sont devenues les icônes.

Rétrospective de tout l’œuvre d’Evans, l’exposition présentée par le Centre Pompidou propose une approche thématique et inédite à travers trois cents photographies d’époque. Elle met en évidence l’obsession du photographe pour certains sujets comme l’architecture des bords de route, les devantures de magasins, les enseignes, les signes typographiques ou les visages. Elle invite le public à mieux saisir ce qui constitue sans doute le cœur de l’œuvre de Walker Evans : la recherche passionnée des caractéristiques fondamentales de la culture vernaculaire américaine. Dans un entretien réalisé en 1971 le photographe explique cet attrait en ces termes : « Vous ne voulez pas que votre œuvre vienne de l’art ; vous voulez qu’elle prenne origine dans la vie ? C’est dans la rue qu’elle se trouve. Je ne me sens plus à l’aise dans un musée. Je ne veux pas les visiter. Je ne veux pas qu’on m’apprenne quoi que ce soit. Je ne veux pas voir de l’art ‹ accompli ›. Je m’intéresse à ce que l’on appelle le vernaculaire. Par exemple, l’architecture accomplie, je veux dire ‹ cultivée ›, ne m’intéresse pas, j’aime davantage chercher le vernaculaire américain. »Aux États-Unis, le vernaculaire définit des formes d’expression populaire employées par des gens ordinaires à des fins utilitaires : tout ce qui se crée en dehors de l’art, hors des circuits de production et de légitimation, tout ce qui finit par constituer une culture spécifiquement américaine. Ce sont tous les petits détails de l’environnement quotidien révélant une forme d’« américanité » : les baraquements en bois des bords de route, la façon dont le commerçant dispose la marchandise dans sa vitrine, la silhouette de la Ford T, la typographie pseudo-cursive des enseignes Coca-Cola. C’est une notion centrale pour comprendre la culture américaine. Le vernaculaire est présent dans la littérature dès le 19e siècle, mais c’est seulement à la fin des années 1920 qu’il fait l’objet d’une première analyse dans le domaine de l’architecture. Son importance au sein de l’art américain sera ensuite théorisée, dès les années 1940, par John Atlee Kouwenhoven, un universitaire spécialiste des études culturelles et proche de Walker Evans. Après une introduction consacrée aux débuts modernistes d’Evans, l’exposition réunit, dans une première partie, les principaux sujets qu’Evans n’a cessé de traquer : la typographie d’une enseigne, un étalage, une devanture de petit commerce… Puis, le parcours dévoile comment Evans a lui-même adopté les modes opératoires ou les formes visuelles de la photographie vernaculaire en devenant, le temps d’un projet, photographe d’architecture, de catalogue, de rue, tout en revendiquant explicitement une démarche d’artiste.Cette exposition est la première grande rétrospective consacrée à l’œuvre de Walker Evans dans une institution muséale française. Elle retrace, des premières photographies de la fin des années 1920 jusqu’aux Polaroids des années 1970, la totalité de la carrière de l’artiste à travers un ensemble jamais réuni de photographies d’époque provenant des plus importantes collections publiques américaines (Metropolitan Museum et Museum of Modern Art à New York, J. Paul Getty Museum à Los Angeles, Art Institute de Chicago, National Gallery of Art de Washington, etc.) et d’une quinzaine de collectionneurs privés. À travers une centaine de documents et d’objets, elle accorde aussi une large place à l’ensemble de cartes postales, de plaques émaillées, d’images découpées et d’éphéméra graphiques réuni par Walker Evans tout au long de sa vie.


Mnam/Cci, Clément Cheroux, commissaire

 

Sélection

 

Commentaire ♥♥♥♥♥

Le Centre Pompidou présente une très large rétrospective du photographe américain Walker Evans. Durant toute sa carrière, il s’est attaché à présenter les détails du quotidien et de la banalité urbaine, et de ce fait s’est positionné comme un témoin de la culture américaine du 20e siècle.

Walker Evans a été un des adeptes de la culture vernaculaire qui définit des formes d’expression populaires ou communes employées par des gens ordinaires à des fins utilitaires. La première partie de l’exposition réunit les principaux sujets du vernaculaire : baraques de bords de routes, devantures et vitrines, paysages d’affiches, enseignes et signes. La plupart des images ne font apparaître aucune présence humaine, à l’exception de celle appelée « Truck and Sign », où l’on voit trois manutentionnaires charger dans une camionnette une enseigne lumineuse en lettres majuscules « DAMAGED ». Réalisée dans les années 1928-30, après la crise économique de 1929, cette photo est prémonitoire des futurs sujets tournant autour de la misère, que le photographe aura à cœur de couvrir.

Ce qui intéresse Walker Evans, c’est d’être un témoin de la détresse sociale notamment dans les régions reculées du centre des Etats-Unis. Entre 1935 et 1937, dans le cadre d’un programme gouvernemental du New Deal porté par la FSA (Farm Security Administration), destiné à venir en aide aux cultivateurs les plus touchés par la crise économique consécutive au krach boursier de 1929, il réalise un reportage sur trois familles de métayers en Alabama. Les photos de la famille Burroughs prises dans leur environnement sont très émouvantes. Les regards sont remplis de tristesse et de résignation mais ils restent néanmoins dignes.

Plus tard, dans les années 40s, Walker Evans s’est aussi beaucoup intéressé aux gens dans la rue en les photographiant sous forme de séries de personnages se retrouvant dans une même situation voire une même attitude. Dans le métro, il aime prendre des clichés des voyageurs à leur insu en cachant son appareil à l’intérieur de son manteau. Les images dans le métro de New-York sont très intéressantes, car elles sont particulièrement vraies et représentent les sujets exactement dans leur quotidien de tous les jours. A Bridgeport et à Détroit, il se place dans la rue et s’amuse à prendre en contre-plongée des passants anonymes, des hommes, des femmes, de classes moyenne et populaire, flânant ou rentrant du travail. Comme pour les photos du métro New-Yorkais, on aime ces photos par leur authenticité.

De tout le travail qu’il a réalisé au cours de sa vie, Walker Evans s’est toujours intéressé aux choses quotidiennes de la vie et aux gens sans ajouter aucun artifice. De ce fait, on peut le considérer comme un photographe humaniste.

E.P.


 
 
 

EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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