IRVING PENN
GRAND PALAIS, PARIS
21 septembre 2017 - 29 janvier 2018
L’année 2017 célèbre le centenaire de la naissance d’Irving Penn, l’un des plus grands photographes du XXe siècle. En partenariat avec le Metropolitan Museum of Art de New York, le Grand Palais rend hommage à cet artiste talentueux, célèbre pour ses photographies de personnalités majeures telles que Pablo Picasso, Yves Saint Laurent, Audrey Hepburn, Alfred Hitchcock, etc. Son travail se caractérise par une élégante simplicité et une rigueur remarquable, du studio jusqu’au tirage auquel Penn accorde un soin méticuleux. Resté fidèle à la photographie de studio, il crée, dans chaque portrait, une véritable intimité avec son modèle, qui constitue la signature d’Irving Penn.
Cette exposition est organisée par le Metropolitan Museum of Art et la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, en collaboration avec The Irving Penn Foundation.
Commissaires Grand Palais
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
L'exposition retrace chronologiquement l'ensemble de l'œuvre du photographe Américain Irving Penn. Les 11 salles permettent d'avoir une vue exhaustive des productions de ce maître portraitiste.
La majorité des photos exposées sont des portraits. Les photos faites pour le magazine Vogue dans un studio traditionnel sont très graphiques où il joue avec les figures géométriques des tenues vestimentaires, chapeaux, robes, jambes... En reportage, il improvise un studio qu'il monte au milieu de nulle part, au Dahomey ou en Nouvelle-Guinée, afin de prendre des clichés des habitants ou peuples tribaux. Ces photos très fortes relèvent presque plus d'une étude ou d'un témoignage ethnologique.
On sent sa parfaite maîtrise du portrait serré ou de plein pied. La préparation en studio, même si elle parait simpliste, est très travaillée : un vieux tapis sur une caisse sur laquelle s'assoit le sujet, un rideau de théâtre en guise de fond neutre, une pose dans un angle de mur à 45°... Même si les photos toujours posées sont minimalistes, elles dégagent toujours une profonde émotion.
La série sur les petits métiers à Londres et à New York est particulièrement intéressante car elle met en valeur chaque personne, homme ou femme, avec un objet qui le caractérise dans un cadre complètement épuré. Même si on ne voit pas le sujet dans son environnement de travail, on comprend toute la dimension du métier et la sensibilité du sujet.
Les portraits des personnalités sont exceptionnels de vérité et particulièrement celle de Picasso prise en contre-jour avec un chapeau et un manteau qui cache le bas du visage. La mise au point est faite sur l'œil de l'artiste qui semble fusiller le photographe.
En revanche, ses premières photos de nature morte ou de rues, qui sont d'ailleurs très peu nombreuses, ne semblent pas être son centre d'intérêt.
Les photos de nus sont très déroutantes. Elles mettent en relief des formes rondes et généreuses qu'on n'a pas l'habitude de voir dans ce genre photographique. Le photographe a beaucoup innové dans le développement de ces photos avec un procédé argentique surexposant et blanchissant l'image. Ce fut loin d'être un succès au moment de leur publication. Même maintenant, ces tirages ne font pas l'unanimité. Il y a même une photo qu'il n'est pas facile de comprendre.
La série des cigarettes n'est pas non plus très expressive même si elle est sensée faire réfléchir sur la consommation du tabac. Le graphisme de la cigarette aurait pu être mis mieux en valeur, comme il a souhaité le faire avec une composition dans un caniveau.
En revanche, il faut reconnaître qu'Irving Penn est un maître du portrait qui en a fait sa spécialité.
Si on aime les portraits, il faut absolument voir cette exposition.
E.P.