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WILLIAM + KLEIN

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 14 avr. 2018
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 mai 2023

POLKA GALERIE, PARIS

24 mars 2018 – 26 mai 2018

Polka présente « William + Klein », une monumentale fresque photographique composée de 90 tirages relatant les chapitres décisifs de l’œuvre de Klein. De ses abstractions de lumière (1948-1952) à ses photos de mode (1958-2000) en passant par ses films, ses pérégrinations à New York (1954-55), Rome (1956), Moscou (1959), Tokyo (1961) mais aussi Paris, sa ville d’adoption, l’accrochage traverse 70 ans de carrière. En hommage au plus français des photographes américains. L’exposition, rétrospective, est organisée à l’occasion des 90 ans du photographe, le 19 avril prochain.

Abstract (1948–1952) : Avant d’influencer radicalement la street photography et la photo de mode, Klein étudie la peinture abstraite à Paris avec Fernand Léger. Avec le Rolleiflex qu’il a gagné à l’armée lors d’une partie de poker, la photo devient son nouveau terrain d’expérimentation. Dans l’obscurité, il joue avec la lumière, les formes et met peu à peu en place les clés d’un langage photographique qui le suivra toute sa vie. Ses premières abstractions sont exposées à Milan en 1951, à Paris en 1954, et tout dernièrement au Centre Pompidou dans le cadre de l’exposition « Photographisme ».

New York (1954-1955) : Sous l’impulsion d’Alexander Liberman, directeur de Vogue, William Klein retourne dans sa ville natale. « J’étais en transe. Ce que je pouvais faire avec un appareil me mettait dans un état second. Ma devise, Anything goes. C’est ce qui m’a toujours plu. Pas de règles, pas d’interdits, pas de limites. » L’artiste casse les codes traditionnels du médium, bousculant les cadrages et les angles, jouant sur le rythme, la succession des images, le flou et le grain de la pellicule. Et révolutionne l’acte de photographier. Refusé par les américains, son livre « Life Is Good & Good for you in New York » est publié grâce à Chris Marker, à l’époque directeur de collection au Seuil. Le livre, récompensé par le prix Nadar en 1957, est aujourd’hui considéré comme fondateur dans l’histoire de la photographie du XXe siècle.

De Rome à Tokyo, en passant par Moscou et Paris (1956–2002) : New York clôt le premier chapitre de l’œuvre de Klein. Le second s’ouvre par l’exploration de quatre métropoles : Rome, Moscou, Tokyo et Paris. Elles sont les grands personnages de ses carnets de voyage, d’un Grand Tour qui a duré 40 ans. Dans les pas du cinéaste Fellini, qui lui propose un poste d’assistant, il découvre Rome, ses ruelles et ses écrivains. Au café Rosati de la Piazza del Popolo, il retrouve ses guides : Pier Paolo Pasolini, Ennio Flaiano, Alberto Moravia, Giangiacomo Feltrinelli. L’étape suivante est moscovite. Klein l’américain s’aventure en pleine Guerre Froide, en terrain ennemi… Et pourtant : « J’ai été très surpris, déstabilisé. Je déteste New York, j’adore Moscou. C’est la ville qui m’a le plus touché, le plus ému. » Deux ans plus tard, en 1961, il pousse plus loin vers l’Est : les autorités japonaises l’invitent officiellement pour photographier la mégalopole. Là-bas, tout le monde connait déjà son travail sur New York et Rome. Sa vision de la photo inspire les plus grands : Nobuyoshi Araki, Daïdo Moriyama, Eikoh Hosoe.

Fashion : En 1958, William Klein signe un contrat avec Vogue. Ses collègues s’appellent Irving Penn et Richard Avedon. A l’époque, c’est là, dans les magazines de mode, que la photographie s’épanouit. Loin des chapelles, des carcans, des conservatismes et grâce à des directeurs artistiques visionnaires. Klein en profite, en sortant les mannequins des studios et en les abandonnant aux rues grouillantes et lumineuses : Elles posent, la vie continue et lui observe, de loin, au téléobjectif. En 1994, il publie son livre « In & Out Fashion », à l’occasion d’une exposition à l’ICP de New York.

Portrait + Friends : Pour Vogue et Harper’s bazaar, William Klein photographie les célébrités. De Brigitte Bardot à Audrey Hepburn en passant Jeanne Moreau, Jean-Luc Godard et Serge Gainsbourg. Plusieurs tirages présentés dans l’exposition sont des inédits.

« Typo » + Films : Parfois le photographe cède la place à l’artiste conceptuel : Klein le photographe s’approprie la rue et détourne ses artefacts (pans de murs, panneaux publicitaires à l’abandon, néons) composant à sa manière des « ready-made » photographiques. A l’autre bout de ce travail aux limites du médium, l’exposition revient également sur son univers cinématographique, en présentant quelques reproductions d’affiches spécialement imaginées pour ses films.

Contacts + Klein (1990-2014) : Ces pièces uniques mêlant photographie, cinéma, graphisme et peinture incarnent par excellence le rapport complexe que William Klein entretient au médium. En sélectionnant sous l’agrandisseur non pas une mais trois vues d’un négatif, il recrée sa propre séquence, son propre “film”, et enferme celle qu’il estime être la meilleure dans le creux d’épaisses lignes de peinture. L’artiste reproduit le geste archétypique du photographe face à sa planche-contact et insiste sur l’importance de ses choix. Plusieurs contacts-peints ponctuent cette rétrospective anniversaire.

Polka Galerie

 

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Commentaire ♥♥♥♥♥

À l’occasion de l’anniversaire prochain des 90 ans du photographe William Klein, Polka présente à travers 90 tirages l’œuvre de le plus français des photographes américains. Né à Manhattan en 1928, il arrive en France en 1947 et épouse la même année une française Jeanne Florin avec laquelle il vivra et travaillera pendant plus de cinquante ans. Parcourant le monde, il partage une bonne partie de son temps entre New-York, sa ville natale et Paris, sa ville d’adoption. L’exposition organisée par Polka se répartit entre la boutique-galerie donnant sur la rue Saint-Gilles, et l’espace d’exposition située dans la cour de Venise, si typique du quartier du Marais.

Dans le premier espace, Polka expose dans un univers s’apparentant à celui d’une librairie spécialisée, la série « Abstract » réalisée entre 1948 et 1952, et la série de Dorothy jonglant avec des balles de lumière. Dans l’obscurité, William Klein joue avec la lumière et les formes, comme s’il se trouvait sur la piste d’un cirque.

L’exposition principale se trouve dans l’annexe de la cour de Venise. Dès l’entrée, le ton est donné avec une photo grand format de 1955, intitulée « Atomb Bomb Sky », montrant un ciel inquiétant de New-York comme si le pire venait de se passer. Toutes les autres photos, pour la plupart de grands formats, sont présentées dans un espace confiné au sous-sol sous forme de fresque murale. Les photos sont exposées de manière concentrée, sans logique apparente si ce n’est le fait de tapisser la surface murale au plus juste. Les thèmes et les différentes périodes de l’artiste se mélangent les uns avec les autres. Seule la photo de Serge Gainsbourg figurant sur la pochette de l'album “Love on the Beat”, a le privilège d’être isolée et mise en valeur sur une paroi intérieure.

William Klein est un photographe polyvalent qui a travaillé tous les genres de la photographie : l’abstraction, le portrait, la rue, le reportage, la mode ou la publicité. Dans la photographie de rue, à New-York, Moscou ou Paris, il fait fi des cadrages léchés et préfère l’instantanéité du moment, acceptant le flou ou la densité du grain dans ses tirages. Ses portraits, principalement de personnalités françaises, sont tous réalisés en situation naturelle renforçant la véracité et l’authenticité du sujet.

Dans la série «Contacts + Klein », William Klein fait appel à son expérience de peintre et de graphiste acquise dans les années 50 auprès d’artistes renommés comme André Lhote ou Fernand Léger. Le photographe s’efface au profit de l’artiste conceptuel, mêlant photographie, cinéma, graphisme et peinture. En agrandissant une photo de rue en noir et blanc, et la couvrant de bandes de peinture de couleur, l’artiste reproduit le geste typique du photographe devant une planche-contact, hésitant et sélectionnant le meilleur tirage. Par cette réalisation, William Klein dévoile ici le rapport complexe et intimiste qu’il a toujours eu avec le médium.

E.P.


 
 
 

EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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