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SPORTFOTO

Photo du rédacteur: Eric PoulheEric Poulhe

LILLE

6 septembre 2018 – 4 novembre 2018

Des images fixes ou animées dont le sport est le dénominateur commun. Ce thème est fascinant parce qu’il porte en lui tout ce qui peut donner lieu à une bonne image : la force esthétique, mais aussi la charge émotionnelle. Il associe à son côté spectaculaire une forme de profondeur qui vient des histoires et des souvenirs qu’il génère. SportFoto au Tripostal, à la Gare Saint-Sauveur, au Musée de l’Hospice Comtesse, au Palais des Beaux-Arts ainsi que dans la ville est composé de photographies, de vidéos et d’installations.

Cet événement est constitué d’une vingtaine d’expositions qui explorent la grande histoire du sport et en racontent des plus petites qui la composent. Il cherche à mettre en lumière la dimension artistique de l’image sportive, mais aussi la force de son propos et sa capacité à faire vibrer en nous les cordes de l’émotion, de la passion ou de la nostalgie.

Il rassemble à la fois le travail de photographes qui marquent les premiers grands moments de l’histoire du photojournalisme sportif et de ses premières icônes jusqu’à des auteurs plus contemporains, spécialistes ou non, qui s’intéressent à ce thème dans tous ses aspects, y compris sa dimension sociale.

Notre souhait est que chaque image, que chaque vidéo exposée ou projetée assume à la fois sa dimension esthétique et documentaire, en un mot qu’elle parle, qu’elle vous parle.


Jean-Denis Walter avec Hélène Demicheli, commissaires

 

Sélection

 

Commentaire ♥♥♥♥♥

Lille est devenue en 2004 Capitale Européenne de la Culture. En reprenant l’élan de Lille2004, Lille3000 poursuit et approfondit ce dynamisme en accueillant notamment, du 6 septembre au 4 novembre 2018, le festival de la photographie de sport, SportFoto. Ce projet a été initié par Jean-Denis Walter, l’ancien directeur photo et rédacteur en chef de l’Equipe Magazine, aujourd'hui à la tête d'une galerie parisienne spécialisée dans la photographie de sport. Une trentaine d’expositions sont organisées dans différents lieux de la ville. Un focus particulier a été mis sur trois sports traditionnels de la région, le football, le cyclisme et la boxe. Ils feront l’objet de trois expositions sur des sites culturels emblématiques de la ville. Le Tripostal, l’ancien bâtiment du tri postal jouxtant la gare historique de Lille-Flandres, accueille l’exposition « football et photographies d’auteurs ». L’ancienne Gare Saint-Sauveur où l’on peut encore voir les rails des voies désaffectées, héberge l’exposition « Cyclisme et Jeux olympiques ». Enfin, au cœur du Vieux-Lille, le musée de l’Hospice Comtesse, qui hébergeait dans le passé des religieuses Augustines, a ouvert ses portes à l’exposition « boxe et sports de combat » qui se déroule dans la salle des malades.

Une attention soignée a été apportée à la mise en scène des lieux et l’originalité de la présentation. Au Tripostal, on entre dans un grand espace où sont suspendus par des chaines, des grands formats présentant les photos d’équipes de football de jeunes de la région. Des espaces de repos ont été mis en place avec des fauteuils et des tables basses. La visite peut être accompagnée avec des guides vêtus d’un polo d’arbitre ray noir et blanc. Il y a de nombres groupes d’enfants encadrés par Médiateur qui a le plus grand mal à contenir l’enthousiasme rafraichissant des jeunes visiteurs. A la gare Saint-Sauveur, le cachet industriel a été conservé et rénové avec subtilité et élégance. Les tirages célébrant la course mythique Paris-Roubaix, ont été suspendus par des chainettes au-dessus de l’ancienne voie ferrée conservée avec des portions de rails. Au musée de l’Hospice Comtesse, l’ambiance d’une salle de boxe a été reconstituée dans l’ancienne salle des malades avec l’installation d’un véritable ring de boxe en plein milieu de l’espace.

A chacune des trois thématiques sportives retenues, ont été associés des sujets sportifs connexes qui élargissent avec pertinence le périmètre de l’exposition.

Au thème du football, sont associées des photographies de sport exceptionnelles du photographe Bob Martin, ou celles de Gérard Uféras dans le cadre de son projet « Le sport au cœur, portraits d’une passion ». Gérard Uféras présente ici seize portraits d’amateurs ou de célébrités, sous forme d’un diaporama en noir et blanc de 3’30 minutes, avec la voix off de l’intéressé qui fait partager sa passion. De Jules, jeune footballeur de huit ans à Thierry Marx cuisiner de renom pratiquant le Kendo, ces derniers racontent chacun avec leurs mots et leur sensibilité, leur mode de pratique et ce que le sport leur apporte.

Le thème du football est abordé sous toutes ses facettes, amateur, professionnelle ou sociétale.

La pratique en amateur est illustrée avec le projet « Grassroots », Sergey Nokinov qui photographie des stades du football amateur en Russie, lieux de pratique physique mais aussi de lien social. Pour « Easern Union », Harald Hauswald s’est immergé dans le club historique berlinois du FC Union depuis l’époque de la RDA à celle de la réunification. Quant à lui, Ken Grant porte un regard bienveillant et attendri sur les habitants de Liverpool qu’on nomme « scousers », qui ont une passion pour le football.

Le football à haut niveau est présenté notamment avec un diaporama sur grand écran, qui présente des photographies de l’AFP « sur le toit du monde », un récit du mondial de football en Russie. Le club professionnel local, le LOSC, est également mis en exergue, en trois volets, les années folles 1946-1954, la grande année 2011 et l’aventure continue 2018. Et puis, il y a cette exposition inédite du réalisateur documentariste Stéphane Meunier qui dévoile vingt après, les photos en noir et blanc qu’il a prises au contact des bleus de 98. Durant plusieurs semaines, il les a suivis en immersion totale durant toute leur épopée les amenant au sacre final. Ces photos nous montrent toute la proximité et la complicité qu’avait Stéphane Meunier avec les joueurs.

A la gare Saint-Sauveur, le thème du cyclisme a été associé aux jeux olympiques. Le « vélo » est abordé sous l’angle amateur, « vélolavie », sous l’angle de la course mythique Paris-Roubaix vue par la Voix du Nord, « l’enfer du Nord », sous l’angle du champion avec « Le tour de France 1969 d’Eddy Merckx », et sous l’aspect événementiel avec « le Tour de France 2018 au jour le jour ».

Le sujet de « vélolavie » est assez original car Xavier Lambours montre à travers ses images, dont certaines sont présentées en panoramique, l’attrait de la population du Nord, que ce soit pour les grandes épreuves comme Paris-Roubaix, ou les courses du dimanche matin.

Le projet « Tour de France 2018 » a été conçu sur l’idée d’une image par étape avec un parti pris esthétique fort, sous le regard des photographes Tim de Waele, Ashley et Jered Gruber, et Kevin Bottin. Les images sont effectivement très belles et nous montrent le Tour sous un angle original où les coureurs font partie du tableau, sans nécessairement être l’unique sujet d’intérêt.

Pour les photographies traitant des Jeux Olympiques contemporains, les photos présentées sont assez convenues et d’une originalité relative. En revanche, l’interview vidéo des quatre photographes qui les ont réalisées, David Burnett, Jason Evans, John Huet et Mine Kasapoglu, est très instructive. Elle permet de comprendre leur approche de la photographie de sport et ce qui leur permet de réaliser des clichés exceptionnels.

Des photographies plus anciennes des Jeux ayant eu lieu en 1924 à Paris, en noir et blanc évidemment, font un écho original aux images contemporaines en couleur où chaque détail instantané est saisi avec précision, ce qui techniquement n’était pas possible à l’époque. L’émotion dégagée par certaines photos n’en est pas moindre. L’aménagement du musée de l’Hospice Comtesse est certainement le plus réussi. Les photographies sont exposées et mises en valeur dans un cadre exceptionnel intimiste riche d’histoire.

L’exposition « poids plume » avec les photographies de la boxeuse Licia Boudersa réalisée par Elodie Valentin est un reportage rempli d’une profonde sensibilité qui raconte la vie de la jeune championne d’Europe de boxe anglaise. Néanmoins, on peut regretter le nombre de tirages exposés qui est un peu limité.

De 2004 à 2018, Laurent Gudin côtoie le monde la boxe et réalise des portraits des boxeurs à l’entrainement ou en situation de combat. Les cadrages et la gestion de la lumière sont très soignés. La fragilité affichée des sportifs présentés en portrait contraste de manière étonnante avec l’intensité et la violence exprimée lors des combats.

L’exposition ne se limite pas à la pratique de la boxe sur l’hexagone. Dix images du légendaire boxeur américain Cassius Clay devenu Mohamed Ali, sont exposées en grand format. Toutes ces photos ont été réalisées pour des unes du magazine « Sports Illustrated » par des photographes renommés comme Neil Leifer. Elles ont valeur de témoignage historique.

Pour une première, ce festival, est une réussite. Par la pertinence des sujets retenus, la qualité des photographes et des images exposés, la mise en scène et toutes les actions périphériques, cet événement vaut largement le détour. A voir comment les organisateurs vont pérenniser ce projet notamment dans sa périodicité, et se réinventer au niveau des thématiques.


E.P.


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© 2017 Eric Poulhe Photographie

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