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JOEL MEYEROWITZ ▪ INSIDE | OUTSIDE

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 4 déc. 2018
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 juin 2023

POLKA GALERIE, PARIS

9 novembre 2018 – 12 janvier 2019

La galerie Polka est heureuse de présenter « Inside | Outside », une plongée inédite dans l’univers du photographe américain Joel Meyerowitz. Pour la première fois, l’artiste revisite son œuvre de façon transversale, en se débarrassant du cadre formel et rigoriste de la série ou de l’œuvre iconique. De ses débuts, dans les rues grouillantes de New York jusqu’au temps de la contemplation et de l’introspection lascive, quelque part en Toscane ou dans les ateliers de Cézanne et Morandi.

L’image alors n’existe plus par elle-même mais dans une cohabitation nouvelle. La lecture combinée de plusieurs échos, ombres et tableaux juxtaposés, forme de nouvelles notes fondamentales, des harmoniques visuelles et chromatiques, des séquences expérimentales qui par résonance, entrent en conversation.

« Les photographes de ma génération sont parfois enfermés dans leur boîte sans pouvoir en sortir. Il est bon qu’un œil extérieur vienne l’ouvrir de temps en temps, pour libérer des images auxquelles on ne pense plus ou bien créer des associations intempestives. Comme cette femme qui regarde par la fenêtre – que j’ai toujours adorée, sans jamais l’avoir montrée – et qui semble regarder vers ces fruits posés sur un journal prises en à-pic. Les photos, ainsi soustraites aux séries auxquelles elles étaient liées, réaffirment leur pouvoir d’image singulière. »

L’exposition « Inside | Outside » revisite, avec une liberté totale et l’amitié complice de l’artiste qui confie au spectateur les clés de ses partitions, soixante ans de production photographique. Le bilan d’une vie à observer les hommes et le paysage. Cette relecture est un hommage en même temps qu’une lecture critique de l’œuvre, à l’épreuve du temps. Les pistes de lecture de cet accrochage sont innombrables.

L’une consiste à l’analyser selon le prisme de la frontière, de la lisière, de la démarcation, du miroir entre deux mondes à la Lewis Carroll : l’appartement surgit dans une forêt, la plage sur les rebords d’une baignoire vide, le rythme de la vie bourdonnante dans le reflet des verres vides d’une table à l’abandon. Une partie de l’exposition est composée de diptyques, de paires stéréoscopiques qui rapprochent les images selon différents scénarios – jeux d’échelles, de couleurs, de géométries, clins d’œil narratifs – et parfois au fil de solidarités souterraines et secrètes qui éclatent à la surface des tirages.

La courbe d’un pont newyorkais, celle d’un chemin de campagne italienne. Le clair-obscur de deux clins d’œil sur une ville gigantesque. La porte qui guide le spectateur vers l’horizon. Celle qui le conduit vers le mur vide d’un musée et des paysages métaphysiques. Le noir et blanc d’un instant photographique, la couleur du suivant après le premier coup de déclencheur – quand la vie a continué pendant quelques secondes. Avant une rétrospective d’envergure que lui consacrera la Tate Modern en 2020, l’exposition « Inside | Outside » est une occasion unique de découvrir en avant-première, les harmoniques inédites de Joel Meyerowitz.

Polka Galerie

 

Sélection

 

Commentaire ♥♥♥♥♥

La galerie Polka présente un échantillon de l’univers en couleur du photographe américain Joel Meyerowitz. Contrairement à ce qui se pratique habituellement, le choix des photographies fait par l’artiste, ne correspond pas à une série avec un thème particulier ou à un reportage spécifique. Les images présentées n’ont donc en principe pas de lien entre elles, si ce n’est le regard et le style du photographe.

Pourtant, certains clichés fonctionnent assez bien ensemble. C’est le cas du cliché de la table avec des ustensiles de dessin, et de celui des pêches posées sur un journal, qui rappellent des natures mortes anciennes de grands maîtres de la peinture. Pareillement, deux paysages, une route de campagne en toscane, et le tablier d’un pont suspendu à New York ont comme dénominateur commun leur courbe et leur point de fuite vers le centre de l’image. Joel Meyerowitz aime aussi jouer avec des ambiances romantiques en intégrant la brume dans ses photographies. Elle renforce une impression de mystère. On retrouve cette atmosphère dans ces deux photographies de bord de mer réalisées à plus de dix ans d’écart, sur une plage sableuse du Massachusetts.

Les personnages sont assez peu présents dans l’éventail des photographies exposées. À chaque fois, les sujets sont dans des attitudes qui interpellent le spectateur qui se demande ce qui peut bien se passer dans leur tête. Dans la photographie intitulée « Alan’s Chair », qui n’avait jamais été montrée par le photographe, une femme est assise de dos sur une chaise et regarde par la fenêtre. Le décor de la pièce est très épuré. On imagine l’appartement vide. On se demande ce qui peut, à l’extérieur, captiver autant. C’est un des clichés les plus réussis, à la fois simple dans sa présentation, et évasif dans son interprétation. La photographie d’une jeune femme blonde prise également à New York en 1978 est également énigmatique. On aperçoit au loin l’Empire State Buildng qui localise bien la scène à Manhattan. La fille est seule, bien droite, avec son sac en bandoulière, à un croisement de rue devant la vitrine d’un fast food, comme figée. On se demande si la pose est naturelle ou souhaitée par le photographe. Que peut-elle bien attendre ainsi, le regard dans le vide ?

L’exposition proposée par la galerie Polka n’est qu’un faible aperçu du travail de Joel Meyerowitz, un peu comme le principe d’une bande annonce pour un film. Le nombre de photos exposées et leur grande diversité ne permet pas d’avoir un jugement fouillé. La rétrospective qui va lui être consacrée en 2020 sera l’occasion de combler cette lacune, si l’envie vous vient de traverser la Manche, car l’exposition est prévue au Tate Modern de Londres.


E.P.


 
 
 

EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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