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MARTINE FRANCK

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 11 janv. 2019
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 mai 2023

FONDATION HENRI CARTIER-BRESSON, PARIS

6 novembre 2018 – 10 février 2019

Du 6 novembre 2018 au 10 février 2019 la Fondation présente l’exposition Martine Franck.

Traversée d’une vie de femme libre (belge 1938-2012), de compagnonnages militants en paysage méditatifs, d’engagements politiques en portraits amicaux, ce regard ouvert à l’histoire des arts, d’une grande humanité s’est associé aux collectifs de Viva, qu’elle participa à créer, puis de la coopérative Magnum Photos.

« Une goutte d’eau dans la rivière, mais j’y crois. Pour être photographe, il faut un bon œil, le sens de la composition, de la compassion et un sens de l’engagement. » Martine Franck

Née à Anvers en 1938, Martine Franck grandit en Angleterre et aux États-Unis au sein d’une famille de collectionneurs. Polyglotte, étudiante en histoire des arts, férue de sculpture, c’est lors d’un long voyage en Orient en 1963 qu’elle découvre la photographie. De retour à Paris, elle devient photographe indépendante, après avoir été assistante de Gjon Mili et Eliot Elisofon, et collabore aux grands magazines américains, Life, Fortune, Sports Illustrated, le New-York Times et Vogue, avec des reportages et des portraits d’artistes. Elle participe à la création des agences Vu, puis Viva. Martine Franck vit également dès ses débuts l’aventure de la troupe du Théâtre du Soleil, avec son amie Arianne Mnouchkine qui avait partagé son voyage oriental. En 1970, elle épouse Henri Cartier-Bresson, artiste accompli, qui va l’encourager dans sa propre voie. Elle rejoindra plus tard, la coopérative Magnum, qui diffuse toujours son travail aujourd’hui.

Le travail sur l’exposition et l’ouvrage qui l’accompagne a été entrepris très en amont en 2011 avec Martine Franck. La photographe avait souhaité confier la direction de l’ouvrage et le commissariat de l’exposition à Agnès Sire avec qui elle dirigeait cette Fondation depuis longtemps. Le choix des photographies, du parcours plutôt chronologique et ponctué de textes, de l’entretien avec son amie, l’écrivaine Dominique Eddé étaient les principes acquis de ce vaste projet. On y retrouvera le fil de son engagement au travers des séries de portraits, de paysages presque abstraits, qui ne manqueront pas de surprendre, et d’une sorte de chronique à distance de la vie politique.

Fondation Henri Cartier-Bresson

 

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C’est au retour d’un voyage à Katmandu au Népal effectué en 1964 avec son amie d’enfance Ariane Mnouchkine que Martine Franck décida de devenir photographe. Elle avait vingt-six ans. En France, elle devient rapidement une photographe indépendante qui collabore avec de grands magazines américains en réalisant des reportages et des portraits d’artistes ou d’écrivains publiés dans Life, Fortune, Sports Illustrated ou New York Times. Membre fondatrice du théâtre du Soleil elle est la photographe officielle de la troupe d’Ariane Mnouchkine qu’elle ne quittera jamais.

Elle fait la connaissance d’Henri Cartier-Bresson en 1966, de trente ans son ainé, qu’elle épouse en 1970. La fondation présente un formidable diaporama d’autoportraits et de photos prises dans l’intimité du couple, Henri Cartier-Bresson se refusant habituellement à se laisser photographier. Les clichés sont tous empruntés d’une profonde douceur et sensibilité. En 2002 à Paris, elle crée avec Henri Cartier-Bresson et leur fille Mélanie, la fondation Henri Cartier-Bresson dont elle devient présidente en 2004, jusqu’à sa mort en 2012.

La préparation de l’exposition présentée a été entreprise très en amont en 2011 avec Martine Franck et son amie Agnès Sire qui en assure le commissariat. Le choix des photos respecte un parcours plutôt chronologique avec une présentation d’une série de portraits, de paysages ou d’images de reportage à vocation humaine ou sociale.

A l’instar de portraitistes renommés, les portraits de Martine Franck ne sont pas réalisés en studio dans des poses classiques avec une image et une lumière sophistiquée sans aucun défaut. Ils sont tous réalisés dans un environnement naturel, à l’intérieur ou à l’extérieur, en lumière naturelle, dans un décor qui est familier au sujet. L’image n’en est que plus authentique et fait ressortir la véritable personnalité des sujets.

Martine Franck est très attaché à l’humain et de nombreux reportages décrivent des situations sociales défavorisées ou soutiennent des causes humanitaires.

A Newcastle, dans le nord de l’Angleterre, elle photographie en 1977 les rues des quartiers populaires comme ces enfants qui jouent au football au milieu de la rue, ce linge étendu en travers de la rue, ou ce cheval broutant dans l’herbe allongé dans un pré fleuri avec les grues du port industriel en arrière-plan.

Dans les quartiers proches de Dublin en Irlande, elle s’intéresse aux enfants qui jouent aux caïds dans la rue. A Ballymunun, un enfant s’amuse à mettre en joue la photographe avec un pistolet qu’on imagine factice. A Darndale, c’est un groupe de jeunes adolescents qui posent fiers au milieu d’épaves abandonnées dans un cimetière de voitures.

Toujours en Irlande, Martine Franck se rend à plusieurs reprises sur l’île de Tory au nord-ouest de l’Irlande où elle photographie le quotidien d’une communauté gaélique traditionnelle de cent-trente habitants vivant en marge du continent. La photographie prise en 1996 du mariage de Pauline Doohan et Brian Gallagher illustre parfaitement l’esprit de cette communauté très soudée. Dans l’île, il n’y a pas d’arbres, de policiers, d’hommes de loi, ni représentants, ni maire, mais un « roi » conféré par consensus général à l’homme qui devient une sorte de porte-parole de l’île et à qui on s’adresse.

Très jeune, Martine Franck a été fascinée par le côté mystique de l’Inde et du Népal. En 1996, elle s’est intéressée aux Tulkus, ces enfants moines Tibétains qui vivent à Bodnath au Népal et dans le nord de l’Inde. Certaines de ses images comme celle de du jeune Toulku Khentrul Lodro Rabsel, douze ans, prise au monastère Shéchén en 1996 avec son tuteur Lhagyel, sont devenues icôniques. Une très belle exposition remplie d’humanité.

E.P.


 
 
 

EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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