COCO CAPITÁN ▪ BUSY LIVING, EVERYTHING WITH EVERYONE, EVERYWHERE, ALL OF THE TIME
MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE, PARIS
6 mars 2019 – 26 mai 2019
La MEP présente "Coco Capitán : Busy Living", la première exposition institutionnelle en France d'une des artistes les plus accomplis de sa génération.
Avec près de 150 œuvres, l’exposition est construite comme un parcours immersif dans l’univers de l’artiste. Le parcours est jalonné de plusieurs séries de l’artiste, mêlant le plus souvent la photographie au texte. L’une est composée de paysages de l’ouest américain représentant des infrastructures à l’abandon, une autre révèle le regard critique que l’artiste porte sur la société de consommation et traduit une vraie filiation avec le Pop Art.
En écho également à l’intérêt de Coco Capitán pour la représentation et la perception du corps, des photographies de mode font partie intégrante de l’exposition, ainsi que celles d’athlètes de l’équipe olympique espagnole de natation synchronisée, photographiés juste après l’effort.
Une série plus personnelle souligne les relations que l’artiste entretien avec la Chine depuis son enfance. Enfin, un ensemble de toiles peintes sur lesquelles sont écrits ses aphorismes, ainsi que des carnets de notes et journaux intimes sont présentés en exclusivité.
Très tôt engagée dans l’univers de la mode et du luxe, Coco Capitán acquiert rapidement une notoriété internationale en tant que photographe de mode, secteur avec lequel elle collabore, non sans humour et dérision, pour de nombreuses marques de luxe. Mais son travail est beaucoup plus vaste : à seulement 26 ans, Coco Capitán est une artiste déjà accomplie qui allie la photographie, la peinture et les performances à un travail éditorial constitué de slogans et d’aphorismes.
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
La Maison européenne de la photographie présente la première exposition de la jeune photographe de vingt-six ans Coco Capitán, née en Espagne, et qui vit désormais à Londres.
Les six séries présentées, résumées dans le titre de l’exposition « Busy living : everything with everyone, everywhere, all of the time [Occupée à tout vivre avec tout le monde, partout, tout le temps] », reflète assez bien sa démarche éclectique qui regroupe plusieurs modes d’expression comme la photographie ou la peinture, et l’utilisation de différents supports.
Les deux séries « Fashion without the fashion [La mode sans la mode] » et « After the big pop » évoquent son expérience du secteur de la mode. La plupart des photographies de la première série ont été publiées dans des magazines prestigieux comme Vogue. Elles sont de grande qualité avec des compositions léchées et des conditions de lumière parfaites. Même si la deuxième série parle du sujet de la mode, la photographe s’interroge plus sur la réalité de son métier, les médias ou la société de consommation. En intégrant dans ses compositions des objets ou des images de marques emblématiques comme Coca Cola ou Marlboro, elle s’inscrit dans la lignée d’artistes comme Andy Wahrol.
Les deux séries « Middle point between my house and China [A mi-chemin entre chez-moi et la Chine] » et « I have more fun when home alone [Je m'amuse plus quand je suis seul à la maison] » sont des projets plus personnels relevant plus d’un journal intime en images. Très jeune, Coco Capitán rêve de partir de chez elle et de voyager en toute liberté. Délivrée des contraintes de l’enfance, des années plus tard, elle témoignera par l’image de son voyage en Chine. Les images ne sont pas d’une grande qualité artistique et se comparent plus aux photos de vacances d’un touriste dénué de talent de photographe. Elles témoignent néanmoins de façon réaliste de ce qu’elle vit et voit à ce moment. Dans la deuxième série, elle réalise des autoportraits en se mettant en scène dans des situations domestiques, qui sont à l’opposé complet de celles qu’elle connait dans l’univers de la mode, où les images produites sont totalement artificielles et superficielles.
La série « Ten hours a day, six days a week [10 heures par jour, six jours par semaine] », commandée par le Comité olympique espagnol, relève du reportage et montre les membres de l’équipe olympique espagnole de natation synchronisée pendant et après l’entrainement. Le bleu est la couleur dominante présente dans toute les images. Les portraits présentent des athlètes en action avec des mouvements fluides, ou dans des poses plus formelles, au repos, semblant exténués par des séances d’entrainement intenses.
La dernière série « Highway to disappearance and death-related anxieties [Autoroute vers la disparition et angoisses liées à la mort] », présente un road-movie à travers l’ouest américain que la jeune femme a entrepris en 2017 sur les traces de nombreux artistes ou écrivains. Ses tirages en noir et blanc montrent des édifices abandonnés ou défraichis, dont la disparition à terme inéluctable est caractérisée par son commentaire « à la fin, tout disparait ».
Indiscutablement cette jeune artiste de vingt-six ans dispose déjà d’une palette artistique très large dont le travail mérite d’être vu.
E.P.