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Photo du rédacteurEric Poulhe

C’EST BEYROUTH

INSTITUT DES CULTURES D’ISLAM, PARIS

28 mars 2019 – 28 juillet 2019

Beyrouth exerce une forme de fascination. L’évoquer, c’est convoquer les images d’une ville meurtrie, résiliente, effervescente et insolite, où se côtoient les cultures, les communautés et les croyances.

À travers les regards croisés de seize artistes photographes et vidéastes, l’exposition C’est Beyrouth propose d’entrevoir une société unique dans sa diversité, fragilisée par les guerres et une structuration confessionnelle à bout de souffle. Les œuvres choisies par Sabyl Ghoussoub, commissaire de l’exposition, documentent l’actualité de Beyrouth. Elles montrent l’omniprésence de la religion, les conditions de vie des réfugiés palestiniens et syriens comme celles des travailleurs migrants, les discriminations en raison de l’homosexualité, les échappatoires d’une génération désorientée.

Autour de l’exposition, des spectacles, des projections et des tables rondes prolongent cette immersion libanaise. Les arts de la scène nous enchantent avec une interprétation contemporaine et masculine du baladi, une lecture musicale et poétique sur un piano pouvant jouer le quart de ton de la musique orientale, ou encore un DJ set pour plonger dans les nuits électro beyrouthines. Des conférences, des films et des documentaires sont programmés sur le photojournalisme, le multi-confessionnalisme, les initiatives de la société civile, les figures emblématiques du pays... Le jeune public bénéficie également d’une offre dédiée avec des ateliers, des ciné-goûters et des spectacles. Et à l’occasion du ramadan, l’ICI organise ses traditionnels iftars, précédés de contes et de films sur le Liban.

Au fil des rencontres qui jalonnent cette saison culturelle, C’est Beyrouth donne à voir autrement les bouleversements et le bouillonnement de la société libanaise.


Stéphanie Chazalon, directrice générale de l’Institut des cultures d'Islam

 

Sélection

 

Commentaire ♥♥♥♥

Ancré au cœur du quartier populaire de la Goutte d’Or, l’Institut des cultures d’Islam est un établissement culturel de la Ville de Paris ouvert sur le monde. Il est à la fois un centre d’art contemporain, une scène musicale, un lieu de dialogue et d’apprentissage.

L’Institut organise toute l’année des expositions, comme C’est Beyrouth, qui est ouverte au public gratuitement. Elle se répartit sur deux bâtiments, rue Léon avec ses espaces d’exposition au rez-de-chaussée, un patio et un restaurant, et rue Stephenson, avec son grand hall d’entrée, des salles de réunion dans les étages, et au sous-sol, le hammam reconverti en espace de projection vidéo original ! Comme la capitale du Proche-Orient, pluraliste et multiconfessionnelle, à la croisée des chemins entre l’occident et l’orient, l’exposition est également une porte ouverte sur un quartier parisien populaire en pleine mutation, où se mélangent diverses communautés et couches sociales. Dès qu’on franchit les portes de l’Institut, on sent que ce projet, porté par des acteurs socio-économiques locaux, s’inscrit pleinement dans son environnement avec de multiples animations annexes qui rapproche la culture de la population locale.

Au-delà d’un projet fédérateur, l’exposition est d’une grande qualité. À travers les regards croisés de seize artistes photographes et vidéastes, l’exposition présente la ville sous l’angle de la société qui la compose, fragilisée par les guerres, et une structuration confessionnelle à bout de souffle. Quatre thématiques sont abordées : « le corps comme marque identitaire », « une ville multiconfessionnelle », « exilés, les minorités ignorées de Beyrouth » et « des communautés à la marge ». Les photographies présentées sortent des clichés habituels que l’on peut voir de cette ville, la guerre, les immeubles détruits ou des quartiers en construction. Les sujets choisis pour aborder Beyrouth, traitent de thèmes sociétaux très sensibles comme le culte du corps chez les hommes (« les bronzeurs », « tatouages chiites »), les immigrants, réfugiés syriens, palestiniens ou d’ailleurs (« in transit », « c’est dimanche »), les communautés à la marge, fêtards ou LGBT (« abandon », « Doris et Andrea »).

Une très belle exposition vivante et pleine de sensibilité.


E.P.


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