PASCAL BASTIEN ▪ BELLE LURETTE
- Eric Poulhe
- 1 août 2019
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin 2023
MAISON DOISNEAU, GENTILLY
15 juin 2019 – 22 septembre 2019

S’allonger par terre dans l’herbe d'été, regarder en l’air pour humer l’air du temps puis, de temps en temps, jeter un regard à droite et à gauche pour se rendre compte que tout est là, sous nos yeux, depuis bien longtemps. Le monde se donne à qui sait observer, à qui sait simplement prendre le temps de “pauser” le regard. Pascal Bastien est un adulte qui a gardé la curiosité de voir et le plaisir de s’amuser avec la photographie. Son monde est souriant, à la fois doux et tranquillement déjanté. ”Ce n’est pas grave” nous dit-il avec ses images : pas grave la séance chez le dentiste, pas grave le costume trop neuf, trop clinquant et mal ajusté, pas grave les chaussettes trouées, pas grave le café qui déborde et éclabousse la cafetière, pas grave non plus si le cliché qui enregistre tout cela est en définitive un peu flou. Bien au contraire, c’est plutôt drôle et émouvant songe-t-il certainement le dos courbé sur son appareil 6x6. L’antidote à la gravité c’est le vagabondage de l’esprit, la part de hasard et la légèreté du geste qui sait se saisir de l’appareil photographique au bon moment.
Pascal Bastien vit et travaille à Strasbourg. En marge de son métier de photojournaliste, il nourrit une œuvre personnelle, « un voyage intime où il n’y a pas de d’évènement, pas d’anecdote mais des images volées à la magie du quotidien, formant un dialogue, une histoire construite de faits, de rêves et de souvenirs ». C’est cette œuvre personnelle que propose la présente exposition.
Michaël Houlette
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
La maison Doisneau présente « Belle lurette », une œuvre personnelle de Pascal Bastien, correspondant strasbourgeois du Grand Est auprès de Libération, de l’Obs, du Monde, de Télérama ou encore du New York Times.
Si dans la presse, Pascal Bastien met l’actualité en image de manière percutante, dans la sphère privée, il dévoile dans ses clichés beaucoup de sensibilité, notamment avec son fils qu’il photographie avec beaucoup de douceur. Il s’intéresse à photographier le quotidien ou l’ordinaire qui échappe à l’intérêt commun. Pourtant, le quotidien est un révélateur pertinent, car, selon lui, il permet de comprendre une époque.
Pour le projet « Cap d’Ail », qui a fait l’objet d’un livre et d’une exposition à succès à la villa musée Les Camélias à Cap d’Ail, il saisit l’intimité et l’insouciance des estivants au milieu de paysages côtiers de la côte d’Azur. Les clichés réalisés au Rolleiflex, sont prises sur le vif et rendent hommage au célèbre photographe Jacques Henri Lartigue qui avait photographié les mêmes lieux il y a 90 ans.
En 2013, Pascal Bastien reçoit une commande de Bande à part, un mensuel numérique dédié au cinéma, pour diffuser chaque mois le portrait d’une personnalité du cinéma à l’occasion d’une actualité. Il réalise ces portraits avec un appareil Hasselblad 6x6 et ne consacre qu’une seule pellicule de 12 poses en effectuant en parallèle un enregistrement sonore des séances de prises de vue. L’exposition présente à la fois les planches contacts de 12 vues avec le portrait sélectionné ainsi que l’enregistrement sonore. On peut alors se rendre compte de la façon dont le photographe instaure un lien de complicité et de détente avec le sujet que l’on retrouve ensuite dans l’image.
Pour la poésie de son œuvre personnelle et la découverte de l’envers du décor d’une séance photo de commande, l’exposition mérite le détour.
E.P.