ALEXANDER GRONSKY ▪ REPETITION

POLKA GALERIE, PARIS

13 septembre 2019 – 26 octobre 2019

« Je peux retourner une vingtaine, voire une trentaine de fois sur le même lieu. » Depuis cinq ans, Alexander Gronsky saisit des paysages ou des situations avec une obsession : documenter un monde où les scènes se répètent sans cesse. Quitte à en saisir le grotesque. D’où le titre de sa nouvelle série, « Repetition », exposée à la galerie Polka. Sa raison ? « Si je veux être honnête, je dois dire que je n’ai jamais fait de projets dans le but de les expliquer à quelqu’un... » Alexander Gronsky préfère le langage des images aux jeux des mots. « Les espaces que je photographie sont des paysages que l’on ne peut pas effacer. Ceux dont il faut garder la mémoire. Ma démarche est purement documentaire. La question n’est pas de savoir pourquoi je montre ces endroits, mais comment je les montre. »

Dans « Repetition », Alexander Gronsky reprend les mêmes thèmes techniques que dans sa précédent série « Schema ». Mais il va plus loin, continuant de jouer sur la perception du spectateur au point de le perdre. Ici, il saisit des bâtiments presque identiques, implantés à différents endroits pour les juxtaposer. Là, le trouble ne vient plus des similitudes architecturales mais des personnages qui vivent dans les univers photographiés. Quels sont leurs comportements ?

« Certains individus prennent la même direction, d’autres tentent d’y échapper. » Autre acte répétitif : revenir à un endroit des années plus tard. « Documenter les changements me parait important. » Quitte à décomposer le mouvement pour représenter ce que l’œil humain ne saurait voir, à la manière d’Edweard Muybridge. Et continuer, encore et toujours, de troubler le raisonnement du spectateur.

Polka Galerie

Sélection

Commentaire ♥♥♥♥♥

Le festival photo de la Gacilly a mis à l’honneur le photographe letton Alexander Gronsky en exposant de très grands tirages sur les murs de la maison de la photographie, place de la Ferronnerie. Partenaire de ce festival, c’est au tour de la galerie Polka de présenter une de ses séries, « Repetition », complétée par des images des séries « Route » et « In Transit ».

Alexander Gronsky se définit lui-même comme un photographe de « paysages » avec une démarche qu’il considère purement documentaire. Pourtant dans ce projet, les images de la série « Repetition » dépasse cette simple approche documentaire qui devient plus comportementale. Comme à son habitude, il photographie des scènes de paysages enneigés qui se répètent sans cesse. Dans une même image, on peut voir par exemple le déplacement d’un même personnage dans le décor fixe.

D’autres compositions fonctionnent en triptyques ou quadriptyques. Il réalise des photographies de bâtiments presque identiques, implantés à différents endroits. L’intérêt, évidemment, est de présenter les clichés ensemble. Le résultat, assez étonnant, atteint son objectif de troubler le spectateur qui ne peut s’empêcher de rechercher les différences dans chaque image, un peu comme dans un jeu des « sept erreurs ».

Les paysages enneigés et l’accumulation de personnages qui composent la scène, sont la marque de fabrique de ce photographe reconnaissable entre tous.

E.P.

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