ERNST HAAS ▪ LA COULEUR VISIONNAIRE
LES DOUCHES LA GALERIE, PARIS
6 Septembre 2019 - 9 novembre 2019
Les Douches la Galerie a le plaisir de présenter sa deuxième exposition dédiée à l’œuvre singulière d’Ernst Haas. La couleur visionnaire rassemble près de quarante tirages, pour la plupart inédits, témoignant de l’intemporalité de son œuvre. Prises entre 1952 et 1981, les photographies présentées cultivent une ambiguïté proche de l’abstraction et sont traversées de reflets, de superpositions, de cadrages décentrés et d’effets de flou.
Les douches la galerie
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
À la sortie de la guerre, Ernst Haas se tourne vers le photojournalisme notamment avec un reportage en noir et blanc sur le retour des prisonniers de guerre qui le rend célèbre. Il s’installe aux États-Unis et réalise ses premières photos en couleur dans le désert du Mexique au débuts des années 1950.
Même s’il y a une demande croissante des magazines pour la couleur, Ernst Haas ne l’utilise pas pour sa valeur descriptive mais plutôt dans une approche subjective. Avec des gros plans, des cadrages décentrés, des effets de clair-obscur et de flou, des jeux de reflets ou de superpositions, les images font plus référence à la peinture de son temps parfois abstraite. Les photographies présentées dans cette exposition couvrant une période de 30 ans, de 1952 à 1981, illustrent parfaitement cet état d’esprit. Les deux clichés, intitulés « Traffic » et « Lights of New York City » réalisés respectivement en 1963 et 1972, sont de véritables œuvres d’art que des peintres de sa génération n’auraient pas reniées.
L’abstraction présente dans la plupart des clichés, s’oppose au réalisme que l’on trouve chez les photographes de rue de l’époque. Toutefois, le photographe s’attache à placer dans l’image principale, une autre image, comme un rétroviseur, avec un objet ou un personnage en arrière-plan bien réel qui fait un rappel à la réalité.
Contrairement à d’autres photographes qui ont réalisé des photos en couleur de la même manière qu’ils le faisaient en noir et blanc, Ernst Haas lui, a cassé les codes classiques afin de proposer des images tirant tout le potentiel de la couleur. En cela, il a été un précurseur mal reconnu de son temps, mais qui n’avait rien à envier aux photographes référents de la couleur de l’époque, comme William Eggleston ou Joel Meyerowitz.
E.P.