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LAURENT ÉLIE BADESSI ▪ GUNS

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 16 nov. 2019
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 juin 2023

POLKA FACTORY, PARIS

8 novembre 2019 – 30 novembre 2019

Je vis de l’autre côté de l’Atlantique depuis bientôt trente ans et j’ai été intrigué par la culture des armes à feu dans ce pays dès le premier jour de mon arrivée sur le sol américain. En tant que Français, je n’avais jamais été en contact avec des armes à feu, ce qui est normal dans mon pays, à moins d’appartenir à une famille de chasseurs ou d’exercer une profession nécessitant un port d’arme.

Au fil de mes nombreuses années passées à travailler et voyager à travers les États-Unis, j’ai remarqué que les armes n’étaient pas seulement destinées à la chasse en famille ou au tir sportif. Au-delà du divertissement, elles sont, pour une majorité de propriétaires, un objet domestique courant qui incarne la discipline, le respect, la protection du foyer, la sécurité.

L’industrie de l’armement et sa culture ont évolué au rythme de l’économie américaine et sont entremêlées à son histoire, ses traditions, ses débats idéologiques. Objet de désir pour certains, de haine pour d’autres, la question passionne et polarise la société américaine. Tandis que de l’extérieur cette culture est diabolisée alors même que les films et jeux-vidéos violents sont légions et que dans le monde entier, les enfants jouent avec de faux pistolets depuis des générations…

J’ai essayé de comprendre les termes du débat, en explorant la relation affective et sociologique qui lie un enfant, un adulte en devenir, et son arme. Certains ont posé devant mon objectif avec les armes familiales, celles de leur quotidien. D’autres avec des pistolets ou fusils loué à l’heure dans des clubs de tirs, quand ils ne les empruntaient pas au spécialiste que j’avais engagé pour assurer notre sécurité pendant les séances photos. Parfois aussi, il s’agissait de jouets. L’occasion de donner une voix aux familles chez qui les armes ne sont pas une habitude, qu’ils soient « anti-armes » ou indifférents à la question. Mais j’ai remarqué que dans ce dernier cas, les enfants tenaient presque toujours le pistolet avec le doigt sur la détente…

Devant mon objectif, je leur ai donné la même liberté pour répondre à cette question toute simple, que j’ai posé à tous les enfants et adolescents rencontrés : « Qu’est-ce qui te plait dans les armes à feu ? » Voici leurs réponses et leurs histoires.


Polka Factory

 

Sélection

 

Commentaire ♥♥♥♥♥

Le photographe français Laurent Élie Badessi, qui vit aux États-Unis depuis plus de trente ans, porte un regard décalé sur la société américaine en interrogeant ses paradoxes. Avec le projet « Age of innocence » réalisé de 2016 à 2019, il s’intéresse à l’utilisation et le rapport de la jeunesse avec les armes à feu dans un pays où elles font partie intégrante d’une tradition bien ancrée. Déjà exposé en 2018 à la Bibliothèque nationale de France dans le cadre de la bourse des talents 2017, Laurent Élie Badessi se trouve actuellement en France pour la sortie de son livre et discute aisément avec le public venu découvrir ses tirages accrochés à la Polka Factory.

La série en noir et blanc est homogène et esthétique. Elle présente des portraits d’enfants pris majoritairement de face avec un pistolet ou un fusil en mains, qu’ils aient l’habitude ou non de les manipuler. Certains posent devant l’objectif avec les armes familiales, d’autres avec des pistolets ou fusils loué. Parfois, il s’agissait de jouets.

Laurent Élie Badessi explore ainsi la relation affective et sociologique qui lie un enfant et son arme. Les portraits sont très soignés et le photographe met bien en valeur les multiples expressions des visages : déterminées, insouciantes, joueuses, candides, provocantes… Chaque image raconte une histoire qui se complète aisément à la suite de la réponse donnée par l’enfant à la même question : Qu’est-ce qui te plaît dans les armes à feu ? Certaines réponses sont édifiantes et font froid dans le dos. Elles nous ramènent directement à l’actualité des fusillades récentes et les débats qui ne manqueront pas d’avoir lieu dans le cadre de l’élection américaine prochaine.

Par la beauté des images, le photographe nous amène nécessairement à réfléchir sur la place controversée des armes à feu aux États-Unis où le port d’armes constitue encore un droit constitutionnel sacré. Mais pas voie de conséquence, cette série nous pousse aussi à réfléchir sur notre rapport aux armes à feu en France et en Europe, avec un usage, heureusement encore, très réglementé et cadré.


E.P.


 
 
 

EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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