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ANDRÉ KERTÉSZ ▪ MARCHER DANS L’IMAGE

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 19 déc. 2019
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 juin 2023

#AndréKertézISON DOISNEAU, GENTILLY

22 novembre 2019 - 9 février 2020

André Kertész compte parmi les regards qui ont ouvert des chemins nouveaux dans la photographie du XXe siècle. Amateur inspiré à dix-huit ans, artisan des recherches optiques de la Nouvelle Vision à dix-huit ans, défricheur des enjeux médiatiques du reportage à trente-six ans, il a largement contribué à l’évolution du médium. Mais si plusieurs générations de photographes ont été marquées par sa démarche et ses images, c’est parce qu’il est celui qui, sans effet ni étalage, a démontré la possibilité de poursuivre une œuvre sereine tout au long d’une vie de photographe, à l’écart des courants et en marge des commandes, en laissant libre cours aux flâneries du regard.

Né à Budapest en 1894, Kertész s’est installé à Paris entre 1925 et 1936 avant de partir à New York où il meurt, en 1985. Dès 1959, Henri Cartier-Bresson déclarait que tous les photographes lui étaient redevables. En 1973, le conservateur du Museum of Modern Art de New York estimait que : « Plus peut-être que tout autre photographe, André Kertész a compris l’esthétique particulière de l’appareil portatif et l’a rendue manifeste », et de nombreux historiens ont reconnu depuis en lui le « père de la photographie au 24 x 36 mm ». Pour autant, aucune étude n’est venue distinguer les clichés qui, entre 1929 et 1936, marquent les débuts de sa pratique du Leica, appareil novateur avec lequel il initie des déambulations photographiques qui renouvellent son intelligence de la prise de vue.

À la fin de sa vie, Kertész a pris soin de rendre accessible l’ensemble de ses images à travers le don à la France de ses négatifs, et de ses archives. À partir d’une recherche minutieuse menée sur ses pellicules originales conservées aujourd’hui par la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, cette exposition tente d’honorer son legs et de raconter ce moment singulier où la rencontre entre un homme et un appareil permet à la photographie de se découvrir une vocation alors inexplorée : recueillir sur le trottoir l’attention qui nous relie les uns aux autres.


Cédric de Veigy, commissaire

 

Sélection

 

Commentaire ♥♥♥♥♥

Aux dires des grands photographes de rue comme Henri Cartier-Bresson ou Brassaï, André Kertész est un de ceux qui les a largement marqués et inspirés par sa démarche et ses images.

Né à Budapest en 1894, André Kertész a vécu avant-guerre une dizaine d’années à Paris, dans le quartier de Montparnasse, avant de partir à New York où il est mort en 1985. Très rapidement, il a intégré l’appareil photographique portatif lui permettant de réaliser des prises de vue de rue avec beaucoup de spontanéité et de liberté. L’ergonomie du Leica qu’il utilise, lui permet de se déplacer dans la rue au plus près de ses sujets. Il adapte ainsi sa prise de vue au mouvement et au regard des personnages qu’il croise. À travers le viseur de l’appareil, c’est l’œil du photographe qui s’incorpore dans le champ de vision et entre en relation avec le mouvement du sujet et l’environnement des lieux.

L’exposition aborde l’œuvre du photographe dans les années 1930 à Paris, à travers ces différents regards. Ils sont au nombre de six.

« Au-dessus des regards », André Kertész réalise des prises de vue en plongée souvent de la fenêtre de son appartement de la rue de Cotentin dans le quartier de Montparnasse. Les bâtiments et les rues composent un arrière-plan dégagé qui renforce l’impression de mouvement et de déplacement des personnages.

Quand il se met à « insérer le regard », il photographie des corps de plain-pied en alignant des perspectives qui rendent la composition géométrique et graphique. Le mouvement des personnages est en parfaite relation avec la configuration des lieux.

Pour « accrocher le regard », André Kertész se rapproche de ses sujets et établit une relation avec eux. Certains regardent alors dans sa direction au moment où il déclenche l’obturateur. La présence du photographe a été identifiée. Toutefois le photographe préserve une certaine distance et discrétion, permettant de ne pas avoir une présence trop intrusive.

Quand il est en mesure de « suivre du regard », André Kertész s e trouve à quelques mètres de son sujet. Il se trouve à l’intérieur du périmètre d’intimité que le sujet accepte. Ce n’est pas l’objet de l’attention du sujet qui l’intéresse, mais l’attention ou l’attitude proprement dite.

Pour « pénétrer du regard », le photographe se retrouve seul face à un visage. Il établit alors une relation très intime avec le sujet. Les images sont d’une très grande profondeur.

« Fouler du regard » un paysage, est plutôt une pratique peu usuelle chez André Kertész. Ses compositions sont souvent construites de manière identique. Le premier plan n’est pas le thème principal de l’image. Il aime les panoramas ouverts amenant rapidement l’œil du spectateur à se diriger vers l’arrière-plan, jusqu’à l’horizon.

Avec sa pratique « portative » de la photographie, André Kertész aime se promener dans les rues de Paris, sans but précis défini à l’avance. La rue devient alors un sujet d’inspiration naturel. Il photographie ce qui se présente à lui. Ses zones de prédilections sont le quartier de Montparnasse à proximité de son domicile, les berges de la Seine ou les jardins du Luxembourg ou des Tuileries. Un diaporama d’une vingtaine de minutes présente un bel échantillon de clichés issus de ces déambulations photographiques. Une belle initiative !


E.P.


 
 
 

EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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