BRUNO FERT ▪ REFUGE
GRILLES DU PARVIS DE L’HÔTEL DE VILLE, PARIS
13 janvier 2020 – 16 février 2020
Du 13 janvier au 16 février, le photographe Bruno Fert expose son projet Refuge autour des habitations précaires des migrants arrivant en Europe, sur les grilles du parvis de l’Hôtel de Ville à Paris.
Le projet Refuge raconte ce que sont l’exil et la migration. Bruno Fert associe les photographies des habitations des migrants arrivant en Europe à leur témoignage et dans certains cas également à leur portrait. Les photographies des paysages traversés par ces hommes et femmes rythment ce travail réalisé en France, Italie, Grèce et Allemagne sur douze sites – camps, campements ou logements pour migrants.
Bruno Fert a partagé le quotidien de ces hommes et femmes qui lui ont ouvert leur tente, cabane ou container. Il a immortalisé ces espaces intimes éphémères pour partie disparus notamment lors du démantèlement de la jungle de Calais.
Ces photographies disent l’étonnante capacité de l’humain, qu’il soit nomade ou sédentaire, à habiter le lieu où il vit et mettent en lumière une étape marquante de ces trajectoires de vie toutes singulières.
Au-delà des termes génériques de « réfugiés » ou de « migrants », le photographe resitue ainsi ces personnes dans une trajectoire de vie à la fois singulière et universelle. Ce projet a vu le jour grâce à Médecins Sans Frontières.
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Lauréat du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière (Académie des beaux-arts) pour son projet Refuge, Bruno Fert a présenté en 2017 le résultat de plus d’une année de travail au Palais de l’Institut. Il a complété ce projet en sillonnant le territoire français en 2019.
C’est désormais sur les grilles du parvis de l’Hôtel de Ville que s’expose le projet « Refuge » avec une trentaine de tirages diptyques, tous composés de la même manière : un portrait en noir et blanc, une prise de vue en couleur d’un espace de vie au format « portrait », et des textes extraits du livre « Refuge » des éditions Autrement.
« Refuge » raconte l’exil vu au travers des lieux où vivent les populations migrantes, de leur arrivée en Europe, jusqu’à leur installation dans de véritables logements pérennes. En France, dans la jungle de Calais ou les camps de Grande-Synthe, en Allemagne, en Italie ou en Grèce, Refuge s’interroge sur l’exil et les voyages inévitables. La série prend pour point de repère le foyer ou l’espace de vie qui se rattache à une terre. Les images racontent l’histoire du migrant-voyageur, et son rapport à son habitation du moment. En évoquant leurs foyers successifs, les personnages interrogés par Bruno Fert racontent leur vie, leur parcours et leur rêve d'avenir.
Les photographies n’ont rien d’exceptionnelles, mais par le texte et les témoignages qui les accompagnent, elles sont bouleversantes. Chaque histoire de réfugiés est spécifique. Certaines, surtout celles en 2017 à Calais, sont terribles et poignantes, dans le doute et la précarité, avec une absente de projection sur l’avenir. D’autres pour la plupart réalisées en 2019, sont heureusement porteuses d’espoir et montrent des migrants installés qui ont trouvé un travail et appris la langue française de leur terre d’accueil.
Un très beau reportage à l’initiative de Médecins Sans Frontières, dont le spectateur ne peut rester insensible, en espérant que son regard change en croisant des migrants dans la rue.
E.P.