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Photo du rédacteurEric Poulhe

AMERICAN FAMILIES

POLKA GALERIE, PARIS

22 mars 2024 – 25 mai 2024

La photographie de famille a marqué l’histoire de la photographie à mesure que le boîtier reflex et la bobine 35mm sont devenus des objets de consommation courante. Quatre photographes américains en ont fait la matrice de leur œuvre, entre reportage documentaire au long cours, chronique du quotidien et fable douce-amère. Leurs noms : Marianna Rothen, Meryl Meisler, Peggy Levison Nolan et Shelby Lee Adams. L’exposition « American Families » les réunit, du 22 mars au 25 mai, sur les murs de la galerie, heureuse de les intégrer au titre de ses artistes représentés.

Modèle pendant dix-sept ans, immortalisée sous toutes les coutures par des photographes de mode, Marianna Rothen a fini par passer de l’autre côté de l’objectif. Une façon de reprendre le pouvoir sur son image et celle des femmes. « J’ai voulu imaginer à quoi elles ressembleraient sans influence... » Inspirée par le cinéma européen ainsi que par les travaux de Cindy Sherman et Philip-Lorca diCorcia, Marianna Rothen fantasme dans ses séries un monde sans hommes, où ses héroïnes se montrent telles qu’elles désirent être, entre triomphe de la sororité et utopie matriarcale. « Elles sont ma nouvelle famille », dit-elle.

Des familles, Meryl Meisler en a deux. Elle a grandi à Long Island dans une famille juive aussi loufoque qu’excentrique. Le jour, c’est ce clan qu’elle chronique avec humour et tendresse, témoignant de l’exubérance joyeuse d’une communauté qui a vécu dans le souvenir des pogroms et de la Shoah. La nuit, Meryl Meisler rejoint sa famille adoptive, celle qui se retrouve derrière les portes du célèbre Studio 54, l’iconique night club new-yorkais.

La famille de Peggy Levison Nolan est nombreuse. Sept enfants, installés à Miami dans un logement social étriqué. Peggy s’en occupe seule. Elle découvre la photographie à 40 ans et devient très vite accro. Le désordre qui règne chez elle, dans ce capharnaüm de canapés et de lits défaits, représente, pour la photographe, la soif de liberté des ados et « l’image parfaite de l’ennui qui domine à cet âge ».

Enfin, la tribu de Shelby Lee Adams loge dans les Appalaches. C’est là, dans l’est du Kentucky, que le photographe est né et où il a grandi. Pendant quarante ans, Shelby Lee Adams n’a cessé d’aller à la rencontre de ces habitants, génération après génération, en voisin, en ami, en frère. Avec l’envie irrépressible de montrer que derrière la pauvreté dénoncée, il y a des hommes et une culture.

Alors qu’y a-t-il de commun entre la famille-communautaire d’une banlieue juive de New York à laquelle appartient Meryl Meisler et la famille fantasmée de Marianna Rothen, ancienne top model ? Ou bien entre la famille cellulaire de Peggy Levison Nolan, mère courage en Floride, et les familles-tribus vivant dans les hollers, ces vallées encaissées que Shelby Lee Adams a quittées, mais desquelles peu de membres sortent ?

 

Polka Galerie

 

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Jusqu’au 25 mai, la galerie Polka expose quatre artistes américains qui ont pour dénominateur le thème de la famille : Marianna Rothen, Meryl Meisler, Peggy Levison Nolan et Shelby Lee Adams.

Shelby Lee Adams a passé une partie de son enfance chez ses grands-parents, dans un « Holler » des Appalaches. À partir de 1974, il retourne tous les étés dans ces coins perdus pour photographier la population, pour la plupart d’anciens voisins. Il réalise des portraits avec beaucoup de bienveillance. « Il est important que mes sujets approuvent mes images et les jugent authentiques. » explique Shelby Lee Adams. Il redonne ainsi une dignité à ces paysans ou mineurs, toutes générations confondues, souvent caricaturés.

Issue d’une famille ashkénaze d’Europe de l’Est, Meryl Meisler a passé sa vie à enseigner l’art dans le quartier défavorisé de Bushwick à Brooklyn. Son père lui offre un boîtier appareil pour ses 7 ans. Dès les années 1970, elle réalise des clichés insolites d’un famille juive exubérante qui fait partie de la classe moyenne dans le bourg de Massapequa à Long Island, dans la banlieue de New York.

Peggy Levison Nolan est à la tête d’une tribu de sept enfants, tous nés entre 1967 et 1982. La famille vit dans un logement social en Floride près de Miami. Elle découvre la photographie à la quarantaine quand son père lui offre son premier appareil, un Nikon, pour lui faire des clichés de ses petits-enfants. Ces instantanés de vie, datant des années 1980 et 1990, portent un regard doux sur sa progéniture.

Marianna Rothen a passé dix-sept ans dans le mannequinat. Inspirée par Cindy Sherman et Philip-Lorca diCorcia, elle réalise depuis 2005 des séries photos dans lesquelles elle célèbre le lien qui unit toutes les femmes entre elles. Son travail, entre l’autoportrait et le plaidoyer féministe, est un hymne à la sororité.


E.P.

 
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