BRUCE GILDEN ▪ LOST AND FOUND
- Eric Poulhe
- 21 sept. 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin 2023
POLKA GALERIE, PARIS
18 septembre 2020 – 31 octobre 2020

« Je dis toujours qu’une photographie de rue doit sentir le bitume et la crasse. »
En 2015, Bruce Gilden quitte Brooklyn pour Beacon. L’heure est à la prise de recul, au regard rétrospectif sur plusieurs décennies de travail. Direction la campagne, après 35 ans de vie commune avec New York. Ce monstre urbain dont les rues crasseuses, rudes et énergiques n’existent plus qu’au cinéma et dans les livres de photographie. Dans le déménagement, suivent des milliers de négatifs et des cartons de planche-contacts qu’il n’avait jamais pris le temps d’éditer.
Lost & Found est une plongée sans filtre dans le travail de jeunesse du grand photographe de Magnum. Nous sommes au milieu des années 70. Gilden n’utilise pas encore de film couleur, ni de flash, procédé qui, plus tard, fera partie intégrante de son style si reconnaissable […].
On retrouve dans ces photographies primitives la patte de Gilden qui dévore New York de haut en bas, en passant par la 8e Avenue, la 9e Avenue, Delancey Street, la 34e Rue, Queens et Brighton Beach de temps en temps le samedi matin. » On ressent la proximité assumée, presque totale, avec son sujet. Il note : « J’ai toujours photographié de très près. Même si à mes débuts, j’intégrais davantage l’environnement urbain, ce qui permet de sentir les palpitations de la ville plus que les battements de cœur des gens. »
Dans les rues de Gilden, les habitants de New York ont tous la même gueule, cassée, granuleuse, écorchée par cette ville « qui respire l’énergie, le speed, l’anxiété, le stress ». « J’ai toujours pensé que j’aurais fait un excellent travail dans les années 20 et 30, quand la plupart des hommes portaient un chapeau et fumaient beaucoup... » Cigares et mégots, clochards et nantis, crins filasse et brushings peroxydés, manteaux à trous et pantalons à pince. Ils cohabitent dans d’étranges saynètes photographiques qui toujours cachent un élément mystérieux et les indices pour les spectateurs qui veulent le découvrir. […]
Polka Galerie
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
La Galerie Polka présente « Lost and Found », une exposition inédite présentant les premiers clichés de l’emblématique photographe de rue, Bruce Gilden, réalisés au début des années 1980.
À l’occasion de son déménagement de Brooklyn à Beacon en 2015, le photographe a ressorti de ses vieux cartons ses planches-contacts et négatifs, se replongeant 40 ans en arrière. Il en a alors dégagé une sélection inédite de 100 clichés parmi un millier de photographies jusqu’ici oubliées, datant de 1978 à 1984. Elles seront publiées dans un ouvrage titré « Lost and Found [perdu et retrouvé] » sorti en octobre 2019. Certains de ces clichés sont présentés à la galerie Polka du 18 septembre au 31 octobre.
Les images font la part belle aux « gueules » qu’il croise dans le New York de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Il réalise, dans la rue, des portraits de personnages qui délivrent beaucoup de charisme et de caractère. On a l’impression d’avoir affaire à des caricatures de films où les gangsters et les marginaux tiennent les premiers rôles.
Les images sont réalisées en instantané, à la volée, à l’improviste. Aucun superflu. Aucune fausseté. Les personnages semblent parfois surpris et gêné par le photographe qui ne respecte pas les distances minimales de sociabilité et viole en quelque sorte le périmètre d’intimité du sujet.
Une série pleine de punch !
E.P.
Photos noir et blanc prises sur le vif dans la rue sont superbes