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Photo du rédacteurEric Poulhe

CHRIS KILLIP : AN ANTHOLOGY

GALERIE MAGNUM PHOTOS, PARIS

24 février 2023 – 6 mai 2023

Magnum Photos présente une sélection de la vie et de l'œuvre remarquables de Chris Killip dans sa galerie parisienne, située dans le 11e arrondissement. L'exposition présente quatre des projets de Killip des années 70 et 80, s'appuyant sur des photographies qui sont maintenant reconnues comme l'un des enregistrements visuels les plus importants de la vie britannique réalisés au cours de cette période.

Les plus de 50 œuvres de l'exposition couvrent 15 ans de sa photographie, au cours de laquelle Killip - dont le domaine est maintenant représenté par Magnum Photos - a été le plus prolifique. La sélection s'appuie sur une série d'œuvres : Isle of Man (1970-1973), où il a grandi ; Seacoal (1976–84), Skinningrove (1982–84) et le livre photo révolutionnaire de Killip sur l'impact dévastateur de la désindustrialisation, In Flagrante (1973–85). Ses photographies nous emmènent bien au-delà des mots secs des livres d'histoire, documentant les gens et leur vie quotidienne à travers des périodes de changement et de difficultés, mettant en valeur le pouvoir de la photographie pour capturer l'ambiance de l'époque et immortaliser les communautés pour les générations futures.

L'attrait continu des photos de Killip découle des relations durables qu'il a établies avec les personnes qu'il a photographiées. Il y a une intimité — une sorte de compréhension mutuelle et de confiance entre le photographe et le sujet — avec laquelle il a tourné. Et derrière chacune des photographies de Killip se cache une histoire. Sur une photographie, nous voyons une composition en noir et blanc d'un homme, d'un cheval et d'une charrette dans la mer, tirée de Seacoal, dans ce que Killip lui-même a dit ressemblait au "Moyen Âge et au XXe siècle entrelacés". Pourtant, ce que nous ne voyons pas, ce sont les six années qu'il a fallu pour gagner la confiance des habitants de Lynemouth avant qu'ils ne lui permettent de documenter les luttes de leur vie quotidienne.

« Il a passé sa vie à photographier dans des endroits où il avait noué des relations, où régnaient la confiance et le respect", explique le photographe Magnum Gregory Halpern, qui a été encadré par Killip à Harvard, dans le livre Chris Killip (1946-2020). "Cette dynamique est la première chose que je vois quand je regarde les photos de Chris, à la fois dans la façon dont il a regardé les gens devant sa caméra et dans la façon dont ils l'ont regardé. » Samantha McCoy, directrice de la galerie parisienne, déclare : « Ce sont des images complexes qui nous arrêtent dans notre élan, nous obligent à réfléchir et pas seulement à regarder. Ils sont aussi saisissants qu'ils sont d'une beauté envoûtante. Il n'est pas surprenant que Killip ait une influence sur tant de photographes aujourd'hui. »


Magnum Photos

 

Sélection

 

Commentaire ♥♥♥♥♥


La galerie parisienne de Magnum Photos présente dans son espace du 11e arrondissement, une cinquantaine de clichés du photographe britannique Chris Killip, an Anthology. L’exposition couvre 15 années prolifiques du travail photographique de l’artiste à travers quatre séries : Isle of Man (1970-1973), Seacoal [Charbon de mer] (1976-1984), Skinningrove (1982-1984) et In Flagrante [en flagrant délit] (1973-1985) qui montre une population britannique du nord de l’Angleterre confrontée à la désindustrialisation, au sein d'un système qui ne tient pas compte de leur vie.

Chris Killip est né en 1946 à l’île de Man. Il quitte l’école à 16 ans pour travailler dans le seul hôtel 4 étoiles de l’île. Photographe à plein temps en 1964, il travaille à son compte comme assistant à Londres pour d’autre photographes.

Très attaché à son île natale, il y réalise de très beaux portraits et prises de vue documentant la vie des iliens. En 1971, un galeriste new-yorkais lui commande un portfolio de 12 images de l’île de Man qu’il paye d’avance.

En s’installant à Newcastle-upon-Tyne, il s’intéresse, au tournant des années 1980 à la désindustrialisation du nord de l’Angleterre. Chaque cliché raconte une histoire avec beaucoup de sensibilité et de proximité avec les gens qu’il photographie. À Lynemouth par exemple, il prend le temps de de se faire accepter par la communauté et obtenir leur confiance pour qu’il puisse réaliser des images de leur quotidien. Il revient très souvent sur les lieux qu’il a photographié, et garde le contact avec les habitants avec lesquels il a noué des liens. Il est ainsi capable de raconter chacune de leur histoire qui est souvent bouleversante comme celle de Simon Coultas, dont le père David, pêcheur, s’est noyé. Une vidéo présentée à la galerie est très instructive à cet égard.

Ses images en noir et blanc sont un témoignage d’une Angleterre d’un autre temps, meurtrie, en train de changer d’époque, dans la douleur. Chris Killip n’a rien à envier aux photographes humanistes français que furent Willy Ronis ou Brassaï. Une très belle exposition !


E.P.


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