ERGY LANDAU
- Eric Poulhe
- 10 nov. 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 nov. 2022
MAISON DOISNEAU, GENTILLY
23 septembre 2022 – 26 février 2023

L’exposition rétrospective Ergy Landau, 1896-1967 retrace pour la première fois la trajectoire de cette photographe d’origine hongroise installée à Paris au début des années 1920.
C’est à travers une centaine de tirages originaux totalement inédits et des archives personnelles récemment redécouvertes que nous suivons cette figure aujourd’hui peu connue du grand public et pourtant prédominante du milieu du 20ème siècle. Pendant plus de trente années, Ergy Landau participe en effet aux plus grandes expositions photographiques et collabore à de multiples publications, livres d’art et ouvrages pédagogiques en passant par les revues grand public. Ses photographies les plus personnelles témoignent d’une assurance, d’un sens précis de la composition, d’une attention et d’une facilité pour agencer les jeux de l’ombre et de la lumière.
Qui, aujourd’hui, a entendu parler d’Ergy Landau ? Sans doute peu de personnes en dehors d’un cercle restreint de spécialistes, historiens et amateurs de photographie du 20ème siècle. Pourtant très active entre le début des années 1920 et la fin des années 1950, Ergy Landau a plus que compté dans le paysage photographique français. Issue de la diaspora hongroise qui quitte son pays au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle s’installe à Paris et développe une activité de photographe professionnelle particulièrement diversifiée. Si elle ouvre dès son arrivée un atelier dans le 16ème arrondissement c’est parce qu’elle s’est initiée très tôt avec la témoignent de l’émancipation des corps qui accompagne certaines transformations des modes de vie, notamment sous la forme des loisirs de plein air et des sports pratiqués en pleine nature. En 1933, elle rejoint l’Agence Rapho, dont elle soutiendra la renaissance après-guerre. Jusqu’à l’accident qui, en 1965, la laisse lourdement handicapée, elle effectue plusieurs séjour et reportages à l’étranger (Mongolie, Chine) et publie plusieurs livres de voyages et d’autres destinés au jeune public. Décédée sans descendance en 1967, avant la période qui, dans les années 1970, marque la reconnaissance des photographes comme des artistes à part entière, Ergy Landau tombe peu à peu dans l’oubli.
Cette exposition, ainsi que l’ouvrage monographique qui l’accompagne, sont les résultats d’une recherche qui a été rendue possible par l’exploration du fonds E. Landau, inédit jusqu’alors. Ce travail vise à faire connaître la trajectoire d’une photographe à la fois singulière en même temps qu’exemplaire de l’histoire des femmes photographes du 20ème siècle.
Kathleen Grosset, Laurence Le Guen et David Martens, commissaires
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
La Maison Doisneau présente une rétrospective d’une photographe peu connue, Ergy Landau.
D’origine hongroise, elle débarque seule à Paris en 1923. Elle a vingt-six ans, adopte une coiffure à la garçonne et un nouveau prénom Ergy. Elle ouvre, l’année suivante, son propre studio, à son domicile de la rue Lauriston, dans le 16e arrondissement, qui devient le lieu de rassemblement de la communauté hongroise parisienne.
Ses travaux sont très diversifiés avec une recherche esthétique avec des compositions très soignées et le modelé des nus qu’elle réalise à la fin des années 19320 et au début des années 1930. Très vite, elle s’intéresse à une société en mutation qui se tourne vers les loisirs de plein air et le sport pratiqué en pleine nature. Elle montre l’émancipation et la libération des corps qu’elle photographie nus en plein air. Nora Dumas et Ylla, qu’elle engage comme assistantes, font office de modèles et deviennent des amies qui l’accompagnent souvent dans ses divers déplacements. Après-guerre, Ergy Landau voyage et rapporte des images des îles Canaries, de Mongolie, de Chine, du Brésil ou de Russie, mais elle n’est pas nécessairement reconnue pour ses reportages qui ne paraissent pas dans les revues du genre.
Célibataire sans enfant, Ergy crée au fil des ans une œuvre aux multiples facettes et se lie d’amitié avec de nombreux artistes comme Arthur Koestler, Jacques Prévert ou Andrée Chedid, la mère du chanteur Louis. Son accident de bus, en 1965, la laisse lourdement handicapée. Elle meure en 1967 et ses travaux tombent alors dans l’oubli.
Cette exposition, réalisée grâce aux fonds Ergy Landau, lui rend, près de cinquante ans plus tard, un hommage bien légitime.
E.P.
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