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FEMMES PHOTOGRAPHES DE GUERRE

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 9 déc. 2022
  • 4 min de lecture

MUSÉE DE LA LIBÉRATION DE PARIS, PARIS

8 mars 2022 – 31 décembre 2022

Découvrez les œuvres de huit femmes photographes reconnues qui ont couvert 75 ans de conflits internationaux, des années trente aux guerres les plus récentes : Lee Miller (1907-1977), Gerda Taro (1910-1937), Catherine Leroy (1944-2006), Christine Spengler (née en 1945), Françoise Demulder (1947-2008), Susan Meiselas (née en 1948), Carolyn Cole (née en 1961) et Anja Niedringhaus (1965-2014). À l’aide d’une centaine de documents, plus de 80 photographies, ainsi qu’une douzaine de journaux et de magazines originaux, l’exposition "Femmes photographes de guerre" met en évidence l’implication des femmes dans tous les conflits, qu’elles soient combattantes, victimes ou témoins.

Si la photographie de guerre est une profession dominée par les hommes, de nombreuses femmes photographes ont cependant travaillé dans les zones de guerre. Elles ont documenté les crises mondiales et ont joué un rôle décisif dans la formation de l’image de la guerre. Dans les territoires de conflit, contrairement aux hommes, ces femmes ont souvent eu accès aux familles, dont elles ont réalisé des portraits particulièrement émouvants. Elles ont également été actives sur le front et pris des photos de victimes de guerre qui n’épargnent pas l’observateur. En mettant en lumière les clichés et parcours de ces huit femmes, l’exposition confronte le visiteur à un regard partagé sur la violence de la guerre. Elle questionne la notion de genre, interroge la spécificité du regard féminin sur la guerre, bouscule certains stéréotypes, montre que les femmes sont tout autant passeuses d’images que témoins de l’atroce.

Mais comment témoigner de la sauvagerie de la guerre ? Parmi les photographies exposées, le visiteur découvrira autant de photographies que de manières de répondre à cette question : des aperçus intimes de la vie quotidienne pendant la guerre, des témoignages d’atrocités, des références à l’absurdité de la guerre et à ses conséquences. Ces photographes souhaitent dévoiler publiquement ce qui se passe réellement sur le champ de bataille et à l’arrière du front. Mais parfois leurs images, qui pourtant construisent notre vision de ces conflits, sont confrontées à des recadrages ou mise en scène permettant de les adapter aux besoins de la presse ou à une diffusion médiatique subjective. Au fil de l’exposition le visiteur comprend comment ces images prises sur le vif sont traitées par la presse.

Alors que les clichés exposés saisissent la spécificité de chacun des conflits couverts, proches ou lointains, une certaine vue d’ensemble se dégage. Ils repositionnent la Seconde Guerre mondiale dans le contexte plus large des guerres du XXe et du XXIe siècle et enrichissent le récit que porte le musée sur les conflits contemporains. Ainsi l’exposition livre de nouvelles clés à ses visiteurs pour comprendre “le bruit et la fureur” du monde.


Sylvie Zaidman, commissaire général

 

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Commentaire ♥♥♥♥♥


Dans l’imaginaire collectif, le reporter de guerre est un homme viril, courageux, solitaire, admiré de tous. Pourtant, s’il domine la profession, l’homme n’en a pas le monopole. De la guerre en Europe des années 1930 et 1940, jusqu’aux guerres internationales des années 2000, le Musée de la Libération de Paris met à l’honneur huit femmes photoreporters ayant couvert près de 75 ans de conflits : Lee Miller, Gerda Taro, Catherine Leroy, Christine Spengler, Françoise Demulder, Susan Meiselas, Carolyn Cole et Anja Niedringhaus.

Les images présentées les montrent confrontées à la violence. Elles témoignent aussi de la souffrance subie par les civils. Tout comme leurs collègues masculins, pour produire des images fortes, elles s’exposent au danger qui n’épargnent pas le visiteur.

Gerda Taro (1910-1937) est une des premières à avoir eu accès au front durant la guerre civile en Espagne. Elle y laissera la vie, écrasée par un char à 27 ans, alors qu’elle documentait le retrait des troupes républicaines à Madrid. Elle donna un visage humain au conflit en capturant ceux des foules attendant devant les portes de la morgue à Valence.

Elle était aussi passionnée par son métier que la Française Catherine Leroy (1944-2006), qui à 21 ans, part couvrir la guerre du Vietnam avec dans sa poche 100 dollars et un billet aller simple. La mâchoire fracturée par un éclat d’obus, elle retourne au front, capturée puis libérée, elle retourne encore au front, et ses photos sont de véritables scènes de combat, saisissantes de réalisme.

Contrairement aux hommes, ces femmes, comme Carolyn Cole (née en 1961), ont aussi accès aux familles, dont elles ont réalisé des portraits émouvants.

Sous-estimées, relayées au second plan, les femmes sont peu présentes dans les crédits en bas de pages des magazines. L’accès aux accréditations est plus difficile. Pour couvrir la guerre des Balkans, l’Allemande Anja Niedringhaus a envoyé à son chef une lettre par jour pendant six semaines avant d’obtenir son accord. Elle restera cinq ans à Sarajevo, persuadée que ses images peuvent contribuer à mettre fin au conflit. Elle accompagne ensuite l’armée au Moyen-Orient. Son cliché de jeune Marine en état de choc en Afghanistan est frappant. Alors qu’elle couvre les élections dans ce même pays, Anja Niedringhaus est tuée le 4 avril 2014 dans une base sécurisée de la province de Khost.

Amateur éclairé de photographie ou non, les clichés ne laissent pas insensibles et montrent que ce regard féminin sur la guerre bouscule quelques clichés. Les tirages présentés, d’une très grande qualité, magnifient parfois les images de guerre. Il ne faut pas oublier que derrière chaque image, il y a une réalité bien plus cruelle, et ce sont presque toujours les populations civiles qui en paient le plus lourd tribut. Le conflit en Ukraine est là pour nous le rappeler.


E.P.


 
 
 

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EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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