JAN GROOVER ▪ LABORATOIRE DES FORMES
- Eric Poulhe
- 20 janv. 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin 2023
FONDATION HENRI CARTIER-BRESSON, PARIS
8 novembre 2022 – 12 février 2023

Artiste singulière, Jan Groover (1943-2012), d’origine américaine, a eu un impact considérable sur la reconnaissance de la photographie couleur. Cette exposition, première rétrospective à lui être consacrée depuis sa mort en 2012, donne à voir l’évolution de son œuvre, de ses polyptyques originels aux natures mortes qu’elle réalisera toute sa vie. Grâce à la donation des archives de Jan Groover à Photo Élysée (Lausanne) en 2017, cette exposition, présentée en 2019 à Lausanne, rend hommage à une artiste qui s’est en permanence renouvelée, s’inscrivant ainsi dans l’histoire de la photographie.
Jan Groover a commencé la photographie comme par défi. Constatant que « la photographie n’était pas prise au sérieux » aux États-Unis dans les années 1960, elle s’éloigne de la peinture abstraite, qu’elle a étudiée. En 1967, Jan Groover achète son premier appareil photo, ce qu’elle qualifie comme étant son « premier acte d’adulte ». Son goût pour l’abstraction et la picturalité se retrouve cependant dès ses premières séries de polyptiques dont le sujet est démultiplié, fractionné ou caché derrière des formes opaques, jusqu’à être nié.
À partir de la fin des années 1970, Jan Groover se tourne vers la nature morte, genre classique des arts picturaux, qu’elle explore jusqu’à la fin de sa vie par une diversité exceptionnelle de sujets, de formats et de procédés. Alors que la photographie documentaire est à l’honneur dans des magazines tels que LIFE, Jan Groover met à profit ses connaissances en peinture dans son travail photographique et contribue ainsi à donner à la photographie abstraite ses lettres de noblesse, produisant des clichés pour le plaisir des formes, loin de tout sens ou revendications. En plus des natures mortes, le travail de Jan Groover intègre également des séries sur le thème des autoroutes, du portrait et des fragments de corps (Body Parts).
Actrice de la mutation du médium photographique vers plus de polyvalence, qualité jusqu’alors attribuée à la peinture ou au dessin, Jan Groover expérimente différentes techniques de création. Par exemple, l’usage du tirage au platine et au palladium pour ses séries de clichés urbains ou les portraits de ses proches, comme John Coplans ou Janet Borden avec qui elle est en constant dialogue intellectuel.
L’exposition Jan Groover. Laboratoire des formes présente des épreuves vintage en couleur et en noir et blanc, ainsi que des documents de travail de la photographe (polaroids, carnets préparatoires, etc.), permettant de découvrir ses méthodes de création et d’apprécier plus amplement le caractère expérimental de son travail ainsi que son influence sur la photographie contemporaine.
Tatyana Franck, Émilie Delcambre Hirsch, Agnès Sire, Commissaires
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
La fondation Henri Cartier-Bresson présente l’exposition « Laboratoire des formes » de la photographe d’origine américaine Jan Groover. Les clichés présentés sont assez représentatifs de la carrière photographie de l’artiste qui a été également, au début de sa carrière, peintre.
Elle se fait remarquer au début des années 1970 pour ses polyptyques photographiques, construits autour des motifs de la route, des voitures et de l’environnement urbain. Ce seront les prémices de ses explorations formelles et esthétiques qui s’orienteront vers 1978 vers la nature morte, dont elle réalise des images en noir et blanc ou en couleur.
Au début des années 1980, elle s’intéresse au procédé au platine et au palladium qui permet de jouer de manière très picturale, avec les contrastes et les effets de clair-obscur. Elle réalise des prises de vue de paysages industriels ou urbains à Brooklyn et des portraits avec ce procédé. Ses études sur les corps et des membres enlacés, sont certainement inspirées du photographe John Coplans qui avait fait l’objet d’une exposition à la fondation HCB.
Suite à l’élection du républicain George H. W. Bush à la présidence des États-Unis en 1989, le couple Groover-Voice prend la décision de partir définitivement et de s’installer en France, en Dordogne, dans le village de Montpon-Ménestérol. Elle y travaillera, avec une chambre photographique, puis un appareil numérique, jusqu’à son décès le 1er janvier 2012.
E.P.
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