JEAN-PHILIPPE CHARBONNIER ▪ ON THE EDGE
- Eric Poulhe
- 24 mars 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin 2023
LA GALERIE ROUGE, PARIS
28 janvier 2023 – 01 avril 2023

Jean-Philippe Charbonnier est souvent décrit comme un baroudeur, un reporter intrépide tourné vers l’ailleurs, parcourant le monde entier pour le mensuel Réalités dont il était salarié depuis 1950. Or, il a passé beaucoup de temps à photographier son pays, de Roubaix à Arles, en passant par la Creuse et Paris, sa ville natale. Fasciné par ses contemporains, qu’ils soient proches ou inconnus, il avait l’habitude de dire : « L’exotisme est à un demi-ticket de métro de chez moi. »
On the Edge propose ainsi une traversée de la France à travers le regard de Jean-Philippe Charbonnier des années 1940 au début des années 1980 à un moment où le pays traversait de profondes transformations sociales, économiques, politiques et culturelles. Parce qu’il est en terrain connu, sa pratique photographique y est souvent contrastée, plus personnelle, plus pessimiste aussi. On the Edge fait ainsi référence à son approche photographique intime et critique, porteuse d’une solide dimension sociale qui a fait de Charbonnier un des photographes français les plus talentueux et atypiques de sa génération.
Cette pratique parfois contradictoire qui associe proximité de l’individu et distance critique se retrouve formellement sans sa manière de photographier ses sujets, en lutte contre des forces extérieures et intérieures, comme s’ils cherchaient à échapper à notre regard de spectateur ou à sortir du cadre. C’est aussi une manière de voir le monde qui l’a souvent éloigné de la scène photographique humaniste française : plutôt que de photographier le bonheur, il préférait une vision du monde plus sombre et féroce, dépourvue de nostalgie. Pour autant, son travail ne manque jamais d’humour et de tendresse et on perçoit dans ses photographies une connivence avec ses sujets et le monde qui l’entoure. En témoignent les légendes facétieuses qu’il choisissait consciencieusement pour chaque image. Adepte des reportages longs et immersifs, il aimait rappeler que « La photographie est le plus court chemin d’un homme à un autre. »
L’exposition, qui fait la part belle à des images inédites et des tirages vintages, s’articule autour de quelques moments forts du travail de Jean-Philippe Charbonnier en France. On retrouve ainsi son regard sur la Libération de Paris et l’immédiat après-guerre, ces reportages sur le quotidien des habitants de l’île de Sein, de Roubaix et du nord de la France dans les années 1950, son investigation sans concession sur les hôpitaux psychiatriques en 1954 qui provoqua une véritable prise de conscience, et ses déambulations dans son quartier du quatrième arrondissement de Paris à partir de 1975.
La Galerie Rouge
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
La Galerie Rouge présente dans son espace de la rue du Pont Louis-Philippe, une rétrospective du photographe français Jean-Philippe Charbonnier. Né en 1921 à Paris dans une famille d'artistes et d'intellectuels, il se tourne vers la photographie en 1939, en fréquentant l'atelier du portraitiste de cinéma Sam Lévin dont il devient l'assistant.
Les 44 clichés en noir et blanc exposés, montrent une France à la fois proche et oubliée des années 1940 au début des années 1980. Dans la même lignée que ses pairs Willy Ronis ou Brassaï, Jean-Philippe Charbonnier est un photographe humaniste. « La photographie est le plus court chemin d’un homme à un autre » aimait dire l’ancien photoreporter du mensuel Réalités.
Il réalise des reportages immersifs sur le quotidien des mineurs du Nord de la France, des habitants de l’île de Sein ou des occupants des hôpitaux psychiatriques, un dernier sujet qui provoquera une véritable prise de conscience sur les conditions de vie dans ces établissements. Paris, où il vit, est bien sûr son terrain de jeu favori. Il photographie, avec beaucoup de sensibilité, son environnement avec des passants, dans des attitudes parfois cocasses, qu’il rencontre au gré de ses déambulations. Ses images, intimes et critiques, sans concession, ne laissent pas indifférents. Elles ne manquent jamais d’humour et de tendresse, comme en témoignent les légendes facétieuses qu’il choisissait consciencieusement.
Une très belle exposition en plein centre historique de Paris !
E.P.
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