LE RIRE DES AMANTS, UNE ÉPOPÉE AFGHANE
PAVILLON CARRÉ DE BAUDOUIN, PARIS
21 janvier 2022 – 2 avril 2022
La pluie de cendres sur l’Afghanistan n’aura, à la fin de l’orage, aucun effet décisif sur la capacité des hommes et des femmes à poursuivre leur quête d’amour, de beauté et de liberté. Certes, depuis l’invasion du pays par les troupes soviétiques, la population afghane alterne entre résignation, survie, désespoir, doute, espoir, peur…
Pour beaucoup d’Afghans, le temps présent ressemble aux heures les plus noires de notre propre Moyen-Âge. Et pourtant à l’époque, les peuples n’avaient pas d’illusion quant à une société ou un ailleurs plus vertueux et plus paisible. Aujourd’hui, prisonniers dans leur propre pays, l’hypothèse d’un autre possible pérenne s’est effondrée.
En 1991, 30 ans avant le retour des talibans à Kaboul, Le Rire des Amants de Sayd Bahodine Majrouh, le grand poète afghan du XXe siècle, était publié. Ce texte, emblématique, célèbre la force de l’amitié, de l’amour, pour combattre la tyrannie. Ce message, universel et intemporel constitue la colonne vertébrale de l’exposition. L’œuvre de Majrouh, jusqu’à son assassinat en 1988, est une ode puissante à l’amour comme preuve de l’existence d’une volonté supérieure pour que la vie continue à s’opposer à l’anéantissement, en toutes circonstances.
L’exposition le Rire des Amants, une épopée afghane contribue à ce combat de la vie pour la vie. Femmes et hommes, poètes, écrivains, auteurs, artistes, photographes sont des combattantes et des combattants. Leur vulnérabilité est immense, mais toutes et tous sont invincibles parce qu’ils incarnent, à tout jamais, la beauté des fleurs et le rire des amants.
Rachel Deghati et Pierre Bongiovanni, commissaires
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Le pavillon Carré de Baudouin présente l’exposition « Le rire des amants, une apogée afghane » des œuvres photographiques de six artistes contemporains, trois femmes et trois hommes. De culture et de générations différentes, leurs photographies illustrent des pratiques artistiques qui vont du photojournalisme à la création artistique. Les images ont été réalisées sur une large période allant de 1983 à 2021, avec des approches qui se complètent et s’enrichissent. Même si certains de ces photographes vivent actuellement en exil, l’exposition ne se veut pas défaitiste et pessimiste. Elle est au contraire une réponse à la violence et au totalitarisme. E dévoilant des images pleines de beauté et d’humanisme, elle est porteuse d’espoir.
Plus qu’un photographe, Reza a toujours été fidèle à l’Afghanistan, et proche du commandant Massoud, cette figure emblématique de la résistance contre l’invasion russe au début des années 1980. « Le ciel des yeux » propose quelques-uns de ses clichés emblématiques autour de trois thèmes, la résistance, le féminin et l’enfance blessée.
Massoud Hossaini est un photojournaliste afghan qui travaille pour l’Agence France-Presse depuis 2007. Le 6 décembre 2011, il photographie une scène d’attentat qui fait 80 morts et au cours de laquelle il est blessé. Sa photographie de Tarana, la fillette en pleurs, obtient le prix Pulitzer de la photographie d’actualité en 2012. Il est aujourd’hui réfugié aux Pays-Bas.
L’Afghan Nasser Turkmani documente les gens qui l’entoure. Sa série Terres Sombres pose, en noir et blanc, un regard intimiste, tendre et poétique sur son pays. Contraint à l’exil en 2021, il vit à Marseille.
Photographe et peintre, Roshanak vit en France depuis 1991. En 2001, dans un pays libéré des Talibans, elle s’installe en Afghanistan et veut montrer par l’image le courage des femmes face aux difficultés de la vie. Son approche artistique est à la croisée de la photographie et de la peinture. Par petites touches de couleur, ses clichés en noir et blanc peints à la main, sont empruntés de beaucoup de poésie.
Photographe afghane de vingt-sept ans, Roya Heydari montre la réalité de son pays avec un regard subtil et sensible. Elle témoigne également de la condition des femmes et des jeunes filles dans les campagnes au travers des actions des ONG sur le terrain. Elle a été exfiltrée en France à l’arrivée des Talibans en 2021.
Fatimah Hossaini est une photographe afghane née à Téhéran. Elle s’intéresse à l’identité et à la féminité qu’elle met en scène dans les rues de Téhéran et de Kaboul. En mettant en lumière la beauté des femmes qu’elle photographie, elle interroge leur place dans une société traditionnelle patriarcale, et leur recherche d’émancipation et de liberté. Son travail a été publié par la presse internationale et présenté dans de nombreuses expositions.
Une très belle exposition à découvrir sur les hauteurs de Ménilmontant !
E.P.
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