LES MONDES DE JILL FREEDMAN
LA GALERIE ROUGE, PARIS
15 octobre 2023 – 28 avril 2024
La Galerie Rouge organise la première exposition personnelle en France consacrée à la photographe Jill Freedman (1939-2019). Peu connue du grand public, Jill Freedman a pourtant été l’une des plus importantes photographes américaines de la deuxième moitié du XXème siècle. Proche de la tradition humaniste, elle est une révoltée au grand cœur et une formidable conteuse d’histoires.
Son œuvre se caractérise par une volonté d’être au plus près de ceux et celles qu’elle photographie afin de restituer les relations humaines dans toute leur complexité avec comme seuls guides l’altruisme et l’absence de jugement. Farouchement indépendante et ouverte d’esprit, elle était attirée par les personnes aux vies marginales, par les sociétés et communautés dites « fermées ». Elle ne les photographiait jamais comme des étrangers mais comme ses ami.e.s, voire sa propre famille, s’immergeant entièrement dans la vie de ses sujets afin de raconter leur histoire de manière la plus fidèle. Elle a ainsi réalisé une œuvre humaniste, sombre et engagée, mais aussi pleine d’humour.
L’exposition s’articule autour de trois « mondes » que Jill Freedman a côtoyés et photographiés sur la longue durée : les rues de New York, sa ville d’adoption depuis 1964 ; la Marche des pauvres sur Washington organisée à la suite de l’assassinat de Martin Luther King en 1968 ; et la vie d’un cirque itinérant dans le Sud-Est des Etats-Unis dans les années 1970.
Photographe d’une grande virtuosité, elle réalisait elle-même ses propres tirages appréciant particulièrement les effets de clair-obscur. Souvent sombres, ils font place à une lumière qui irradie ses photographies et les personnes qui les composent.
La Galerie Rouge
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La Galerie Rouge organise « Les mondes de Jill Freedman », la première exposition en France de la photographe américaine née en 1939 à Pittsburgh en Pennsylvanie. Elle est décédée à New York en 2019 d’un cancer. Peu connue du grand public, elle a pourtant été une importante photographe, dite de rue, de la deuxième moitié du XXe siècle, proche de la tradition humaniste. Au cours des années 1970, Freedman a d’ailleurs été brièvement associé à Magnum Photos, mais n’en est pas devenu membre.
Diplômée de sociologie et d’anthropologie à l’Université de Pittsburgh, elle quitte les États-Unis à 21 ans pour se rendre en Israël puis en Europe. Elle finance en partie ses voyages en chantant dans des bars. De retour aux États-Unis, elle s’installe à New York au cœur de Greenwich Village, un quartier dont elle photographiera, dans les années 1970 et 1980, la vie débridée de ses habitants et la frénésie culturelle.
L’exposition s’articule autour de trois mondes que Jill Freedman a côtoyés : les rues de New York, la vie d’un cirque itinérant dans le Sud-Est des États-Unis dans les années 1970, la Marche des pauvres sur Washington organisée à la suite de l’assassinat de Martin Luther King en 1968.
Afin de restituer fidèlement l’humanité des gens, Jill Freedman avait une approche de proximité extrême en s’immergeant des mois durant dans la vie de ses sujets. Son regard est bienveillant, en l’absence de jugement. On sent toujours, dans ses images, la proximité et souvent la complicité qu’elle entretient avec ses personnages. En 1975, elle photographie, pendant deux ans, les pompiers à Harlem et dans le Bronx. Le livre « Firehouse » sera publié en 1977. Ce sont eux qui ont suggéré à Jill Freedman de documenter le travail de la police, ce qu’elle fera entre 1978 et 1981. Elle suit les policiers de rue de la légendaire NYPD (New York Police Department) et dévoile leur travail quotidien de l’intérieur. Certains policiers, vétérans du Viêt Nam, la surnommait « la libérale ». Le livre « Street Cops » est édité en 1982.
Pour réaliser son projet « Circus Days », dont le livre a été publié en 1975, Jill Freedman a vécu deux mois dans un combi Volkswagen pour suivre le cirque Clyde Beatty-Cole Brothers qui voyageait dans l’est des États-Unis. Elle a photographié deux spectacles par jour et un spectacle chaque dimanche. La centaine de clichés, empruntés d’une extrême tendresse, expriment l’histoire étroite entre des hommes et des animaux.
En descendant dans la cave voutée de la galerie, le visiteur découvrira la série « Resurrection City », le nom du bidonville construit en 1968 sur le Washington Mall par la Poor People’s Campaign rassemblant des manifestants pacifiques venus à Washington à la suite de l’assassinat du pasteur Martin Luther King. Ses images sont poignantes remplies à la fois de chagrin et d’humour.
Pour l’humanité qu’elle dégage, on ne peut que remercier la Galerie Rouge de mettre en lumière l’œuvre de Jill Freedman qui est injustement méconnue.
E.P.
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