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LEÏLA BOUSNINA, ULYSSES

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 21 févr. 2020
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 mai 2021

GALERIE FAIT & CAUSE, PARIS

15 janvier 2020 – 21 mars 2020

Ces hommes pouvaient être des cousins, des amis du bled ou des collègues de mon père.

Enfant, ils faisaient partie intégrante de mon environnement familial. Mes parents les accueillaient régulièrement chez nous. C’était un soutien inestimable envers leurs compatriotes : les « zoufris » (ouvriers) qui contrairement à eux subissaient de plein fouet la solitude de l’exil. […]

Ces hommes ont immigré en France pendant les « 30 Glorieuses », alors que les entreprises industrielles françaises en manque de main-d’œuvre faisaient appel à ces natifs du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne.

Ces jeunes travailleurs représentaient une main-d’œuvre abondante, peu coûteuse et laborieuse venue en majorité des régions rurales. […]

Rappelons-nous en 1999, l’euphorie nationale due à la finale de la Coupe du Monde de Football de 1998 remportée par Zinedine Zidane et son équipe, et l’avant 11 septembre 2001.

C’est alors que je décidai d’initier ce travail photographique, comme le fil d’une quête identitaire qui durera presque 20 ans. […]

Je voulais connaître leurs expériences de vie et recueillir leurs témoignages, tout en sachant que la majorité d’entre eux étaient analphabètes et issus d’un milieu paysan.

Nombreux sont ceux dont l’Odyssée commence dans la cité Phocéenne, passage obligé et lieu symbolique de l’histoire migratoire. Certains y resteront, d’autres partiront vers d’autres villes industrielles ou minières gagner leur pain à la force de leur bras et de leur courage.

À travers « ces Ulysses », il m’est permis de graver la mémoire de nos aînés et ainsi rendre hommage à ces hommes et à toutes les vagues migratoires qui ont marqué et marquent encore l’histoire de ce pays dans toute sa diversité.


Leïla Bousnina


 

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Commentaire ♥♥♥♥♥


La galerie Fait & Cause, située rue Quincampoix et créée en 1997 par l’association Pour que l’esprit vive, a pour objectif de mettre en valeur la photographie sociale. Jusqu’au 21 mars 2020, elle présente le projet Ulysses de la photographe Leïla Bousnina.

Née en 1969 en Seine-Saint-Denis, Leïla Bousnina poursuit des études d'histoire de l’art, en option audio-visuel, et intègre durant cinq années une structure sociologique d’études et d’observations sur les banlieues « Banlieuescopies », qui l’amène à la photographie, spécialisée sur des sujets à dominance sociale.

En 2000, elle entreprend le travail photographique « Ulysses » qui va durer presque vingt ans. Ce projet qui la ramène à sa jeunesse, consiste à photographier et à recueillir les récits de vie d’hommes immigrés âgés venus travailler en France, lors des « 30 glorieuses », qu’on nomme aujourd’hui les Chibanis. Elle va parcourir plusieurs villes de France, Marseille, Paris, Sartrouville, Lille, et aller à la rencontre de cette population immigrée qui vit dans des foyers ou des hôtels qui leur est réservée, comme celui du 125 rue de Belleville à Paris. L’exposition présente un journal personnel de la photographe qui rend compte de la manière dont elle approche ces hommes et se fait accepter par eux. Elle y note également ses motifs de satisfaction et ses déceptions, comme les premières photos qu’elle réalise dans des conditions de faible lumière et qu’elle trouve de piètre qualité.

Les clichés en noir et blanc ne sont peut-être pas d’une qualité technique exceptionnelle, mais elles sont empruntées d’une profonde humanité montrant des hommes vivant dans des conditions très difficiles avec beaucoup de dignité en semblant accepter leur sort. Les photographies exposées sont accompagnées de témoignages émouvants comme celui de Mabrouk Khial, Algérien vivant au à l’hôtel du 125 à Paris : « […] je suis venu habiter dans le quartier en 1955, au 15 rue de Belleville, et depuis 1974, je loge au 125 parce que je connaissais le concierge : une vieille grand-mère espagnole qui habitait ici… et depuis 1955 jusqu’à présent, tu peux aller voir tous les commissariats, tous les policiers, toutes les préfectures et tu n’y trouveras jamais mon nom là-dedans ! J’aime beaucoup le quartier de Belleville parce qu’il y a beaucoup de choses ici, on sort à 1 heure du matin et on trouve tout ouvert, on peut s’acheter à manger, on peut faire tous ce qu’on veut ! Mais je ne sais pas maintenant parce que depuis deux ans, je ne sors pas la nuit, à partir de 7 heures terminus ! Je ferme ma porte et je reste dans ma chambre. »

Une très belle exposition humaniste qui rend hommage à ces immigrés qu’on ne peut que respecter.


E.P.


 
 
 

1 Comment


Marie-Pierre POULHE
Marie-Pierre POULHE
Mar 01, 2020

Photos noir et blanc très réalistes

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EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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