LOUIS FAURER ▪ LE GUETTEUR MÉLANCOLIQUE
LES DOUCHES LA GALERIE, PARIS
9 septembre 2022 – 29 octobre 2022
Ma première expérience artistique date de l’école, j’étais à la Benjamin Rush Public School à Philadelphie, en Pennsylvanie. Mlle Duncan, qui semblait flotter au-dessus d’un parfum de pétales de roses, nous avait demandé d’écrire des chiffres au crayon sur une feuille de papier, et elle a été choquée en découvrant que j’avais dessiné une locomotive. C’est de 1937 que date mon intérêt pour la photographie, intérêt qui s’est beaucoup renforcé le jour où j’ai remporté un premier prix au concours de la « photo de la semaine » du Philadelphia Evening Public Ledger.
Plus tard, à New York, j’ai rencontré Robert Frank au studio de Bazaar.
Les années 1946 à 1951 furent importantes. J’ai photographié presque chaque jour, et la lumière hypnotique du crépuscule me conduisait dans Times Square. Mon mode de vie était de photographier le soir dans le quartier et de développer et tirer mes photos dans la chambre noire de Robert Frank.
En 1968, j’ai ressenti le besoin de voir de nouveaux lieux, de nouveaux visages, de changer. J’ai essayé l’Europe. Je suis revenu aux États-Unis vers le milieu des années 1970 et j’ai été stupéfait par les changements qui s’étaient produits. Je me suis remis à photographier New York avec un enthousiasme presque égal à celui des débuts. Ce que recherche mon regard, ce sont des gens qui sont reconnaissant à la vie, des gens qui pardonnent et qui ont surmonté leurs doutes, qui comprennent la vérité, dont l’esprit tenace est baigné d’une lumière blanche tellement perçante qu’elle donne de l’espoir à leur présent et à leur avenir.
Louis Faurer
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
La Galerie les Douches consacre une exposition au photographe américain Louis Faurer, né en 1916 à Philadelphie.
La majorité des photographies présentées ont été réalisées dans les années 1940, en partie à Philadelphie, sa ville natale, puis à New York, où il s’installe en 1947. Aspiré par la vie de Times Square, il y traque la solitude dans la foule, toujours à distance, sans pitié.
Le reportage ne l’intéressant guère, Faurer penche plutôt pour la fragilité des choses, l’inconscient révélé. Il accomplit un travail de commande pour des magazines prestigieux comme Flair ou Harper’s Bazaar, qui lui permettent à la fois de vivre et de poursuivre une œuvre plus personnelle dans les rues de New-York.
On retrouve beaucoup d’humour dans ses prises de vue réalisées majoritairement de nuit. Les compositions et les cadrages sont très précis, avec une appétence pour les images dédoublées et les jeux de miroir, qui traduisent par l’image une ambiance de mystère et de mélancolie.
E.P.
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