MARC RIBOUD ▪ HISTOIRES POSSIBLES
MUSÉE NATIONAL DES ARTS ASIATIQUES GUIMET, PARIS
17 mai 2021 – 6 septembre 2021
L’exposition consacrée au photographe Marc Riboud, marque l’entrée de son œuvre dans les collections nationales. Elle est aussi la concrétisation de la rencontre, en 2013, avec Catherine Riboud Chaine, femme du photographe et belle-sœur de deux grands donateurs du musée, Jean et Krishnâ Riboud. Très vite en jaillit l’idée que le havre recherché par Catherine pour le fonds de Marc, grand nom de la photographie tout simplement, serait le musée ; et aussi la conviction qu’avec l’association Les amis de Marc Riboud nous organiserions une transition douce vers un patrimonialisation du travail de Marc.
Nous avons réfléchi de concert pendant deux ans dans une grande complicité, une mutuelle estime pour inventer l’art de la liberté : nous laisser la possibilité d’exposer en dehors des murs du musée, mais aussi de continuer de faire de la photographie de Marc Riboud ce qu’elle est et deviendra chaque jour un peu plus : un monument, une mémoire du siècle.
Qui d’entre nous ne s’identifie pas à telle ou telle image qu’il a toujours connue, et n’a le sentiment ainsi de feuilleter un album du monde celui de sa famille ? De l’immédiat après-guerre à la Chine atemporelle des monts Huang Shan, c’est un parcours de plus de cinquante ans sur tous les continents, avec une place privilégiée pour l’Asie, qu’invite cette exposition rétrospective sur l’œuvre de Marc Riboud.
Sophie Markariou, présidente du MNAAG
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Afin de marquer l’entrée de son œuvre dans les collections nationales, le Musée national des arts asiatiques Guimet (MNAAG) présente, avec Histoires possibles, une rétrospective du photographe français Marc Riboud.
De ses premières images de la France d’après-guerre jusqu’à celle en couleur de la Chine moderne du milieu des années 2000, le MNAAG présente un très large aperçu de ce globe-trotter qui a parcouru le monde, et principalement la Chine, avec son appareil photo reflex. Après des études d’ingénieur à l’Ecole centrale de Lyon, il travaille en usine et décide rapidement de se consacrer à la photographie. En 1953, il obtient sa première publication dans le magazine Life pour sa photographie d’un peintre de la tour Eiffel. Sur l’invitation d’Henri Cartier-Bresson et de Robert Capa, il entre à la célèbre agence Magnum. Sa carrière est lancée. Ses premiers voyages sont à destination de l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afghanistan, le Cambodge et la Chine en 1957, un pays dans lequel il reviendra à de multiples reprises. Il pourra témoigner de son réveil et son ouverture sur la scène internationale. Marc Riboud meurt à Paris à 93 ans et laisse au MNAAG une œuvre considérable.
La mise en scène de l’exposition est une invitation au voyage sous un angle chronologique des différentes régions du globe que le photographe a visitées. On découvre tout d’abord les clichés d’un jeune photographe à Lyon, sa ville natale puis la France et l’Angleterre de l’après-guerre.
On peut voir ensuite des images de son long périple vers l’Orient qui le conduira jusqu’au Japon en 1958. Sa passion pour l’Asie, qu’il gardera jusqu’à la fin de sa vie, se retraduit bien dans les photographies qu’il réalise. En 1957, il est un des rares photographes à rapporter des images de la Chine maoïste, qui constitueront de précieux documents pour les historiens.
Dans les années 1960, il couvre les indépendances du Ghana, du Nigéria, la prise de pouvoir de Fidel Castro à Cuba, l’indépendance de l’Algérie, la guerre du Vietnam, plaçant toujours l’humain au centre de son sujet. Marc Riboud porte toujours un regard humaniste et empathique sur les grands événements.
Et pourtant, l’exposition s’achève avec des images en couleur des cimes embrumées et abruptes du Huang Shan en Chine, où l’humain est absent. Les montagnes sacrées sont présentées comme la toile d’un peintre où il met en avant le spirituel et le mystique, comme pour échapper à son parcours intense de reporter au plus près des grands événements qui façonnèrent la seconde moitié du XXe siècle.
Une belle rétrospective qui mérite indéniablement le détour et le respect.
E.P.
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