MICHAEL KENNA ▪ LA LUMIÈRE DES OMBRES
MUSÉE DE LA RÉSISTANCE NATIONALE, CHAMPIGNY-SUR-MARNE
23 octobre 2021 – 15 avril 2022
Né en Angleterre en 1953 et vivant aujourd’hui aux Etats-Unis, l’artiste, marqué par une visite de l’ancien camp de Natzweiler-Struthof faisant ressurgir une émotion ancienne face à une photographie des blaireaux de rasage retrouvés à Auschwitz-Birkenau, entreprend au début des années 1990 de photographier les vestiges des camps nazis. Il le fait pendant plus de 15 ans. Cherchant à transformer son émotion en mémoire, il construit pas à pas, photographie après photographie, un projet sobre, intime, dont seuls ses proches sont au courant. Proposer un regard sensible sur ces lieux où les nazis tentèrent de détruire notre humanité, c’était contribuer à rendre l’oubli impossible.
Parce qu’il est un photographe de paysage, Michael Kenna parcourt et saisit sur la pellicule les sites des camps, en faisant surgir la lumière de l’ombre et en revendiquant d’aborder autrement l’histoire et la mémoire de l’univers concentrationnaire et du génocide des Juifs d’Europe. Par le travail du noir et blanc, par la composition rigoureuse, par la clarté graphique, il attire le regard, suscite l’émotion et oblige à s’interroger sur ce qui est et ce qui fut.
Regarder aujourd’hui les photographies des camps de Michael Kenna, c’est l’accompagner sur son chemin de mémoire, dans sa quête d’histoire, peut-être de vérité, et sans doute aussi de sacré.
Ainsi, pendant plus de 15 ans, Michael Kenna entreprend à ses frais de nombreux voyages pour photographier les sites des camps nazis. À travers près de 7 000 photographies de plus de 20 camps et centres de mise à mort, il construit un projet sobre, intime dont, pendant longtemps, seuls ses proches sont au courant. À l’heure où les derniers survivants disparaissent, il s’agit pour lui de transmettre ce souvenir grâce à la photographie pour lutter contre un impossible oubli.
« Il se trouve que j’ai photographié ces camps pendant une douzaine d’années. Il fallait que je les photographie […], pour garder cette mémoire vivante, pour conserver une trace. Mon œuvre porte sur la mémoire. » Michael Kenna
Musée de la résistance nationale
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Le 29 février 2020, le Musée de la résistance nationale (MRN) a ouvert les portes de son nouveau site, au sein de l’espace départemental Aimé-Césaire, à Champigny-sur-Marne, juste en face de l’île du Martin-Pêcheur et de sa guinguette typiques des bords de Marne. Après une longue période perturbée par les restrictions sanitaires, le musée présente, du 23 octobre 2021 au 15 avril 2022, sa première exposition temporaire, La lumière de l’ombre, photographies des camps nazis, du photographe britannique Michael Kenna.
Artiste réputé pour ses clichés en noir et blanc de paysages, souvent enneigés, très graphiques, Michael Kenna a démarré ce projet en 1990 et a photographié les vestiges des camps nazis pendant plus de 15 ans. Dépourvues de présence humaine, ses images sont sobres et percutantes. Les cadrages réalisés au grand angle, accentuant les points de fuite, amènent une dimension émotionnelle bouleversante.
Le photographe commente également dans une vidéo la réalisation de son projet. En s’intéressant à l’univers concentrationnaire et la logique d’extermination des Juifs d’Europe, Michael Kenna veut rendre l’oubli impossible et interpelle le visiteur par la force de ses images.
E.P.
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