MIGUEL RIO BRANCO ▪ PHOTOGRAPHIES 1968-1992
LE BAL, PARIS
16 septembre 2020 – 6 décembre 2020
Le Bal présente le travail photographique de la première période (1968-1992) de l’artiste brésilien Miguel Rio Branco, figure majeure de l’art contemporain dans son pays, connu dans le monde entier pour ses installations et œuvres multimédia.
Figure de proue de la création contemporaine au Brésil, Miguel Rio Branco est un artiste polymorphe. À vingt ans, il étudie la photographie à New York, dont l’effervescence nourrit ses dérives poétiques et ses premières toiles. Il vit dans les quartiers pauvres du sud-est de Manhattan, l’East Village et la Bowery, où se mêlent toutes les influences. Il se lie d’amitié avec son compatriote Helio Oiticica, ouvert aux expérimentations les plus radicales. Il est aussi témoin des innovations d’un enfant des lieux, Gordon Matta Clark, qui découpe ses géométries dans des pans d’immeubles en ruine.
De retour au Brésil, Miguel Rio Branco vit successivement dans le Nordeste, avec les chercheurs d’émeraudes, puis dans le quartier du Pelourihno, à Salvador de Bahia, qui abrite alors, dans l’insalubrité, des familles déshéritées et des prostituées.
Miguel Rio Branco saisit les corps, hommes ou femmes, leur gloire ou leur fatigue, leur pudeur et leurs exhibitions, dans des cadrages volontiers serrés, où l’arrière-plan perd toute profondeur. Son regard soutient celui de ses modèles : rien n’est escamoté. Les personnages sont dos au mur. « La photographie le plus souvent oppresse ou asphyxie la réalité », dira l’artiste.
À force de s’approcher, ses images s’imprègnent d’onirisme, sans éviter le grotesque, qui déborde ou qu’elles provoquent, comme chez le dernier Goya. On a parlé, pour Miguel Rio Branco, de « réalisme exorbité » : le désastre attire l’œil ; l’imagination n’a d’autre issue que la réalité, sa violence, son immédiateté. Les blessures sont autant d’éclats narratifs, « sans début ni fin », des images-poèmes dans les ruines du monde.
Alexis Fabry et Diane Dufour, commissaires de l’exposition
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Le BAL présente une exposition de photographies du Brésilien Miguel Rio Branco de la première partie de sa carrière entre 1968 à 1992. À vingt ans, il étudie la photographie à New York et vit dans les quartiers pauvres du sud-est de Manhattan, l’East Village et la Bowery qu’il photographie en noir et blanc. Il en fera de même au Mexique en 1985. Au Brésil dans le quartier pauvre de Pelourinho à Salvador de Bahia, il réalise principalement des clichés en couleur.
Son regard se porte essentiellement sur la population des quartiers défavorisés qu’il photographie de manière très rapprochée avec souvent des gros plans sur certaines parties du corps : le pantalon jaune d’un homme posté à côté d’un chien, une culotte de maillot de bain à Rio, une main agrippant le coude d’une mariée, les talons-aiguilles d’une danseuse pendant le carnaval de Rio…
Les portraits réalisés dans la rue montrent des hommes, des femmes, des adolescents, dans des attitudes naturelles, dans leur environnement familier. Les sujets acceptent que le photographe entre dans leur sphère d’intimité. Les prostituées se laissent photographier nues. Les danseurs de capoeira se prêtent au jeu de se mouvoir devant l’objectif. Les joueurs de dames restent concentrés sur leur partie. Quand ils apparaissent dans le cadre, les visages expriment beaucoup de sentiments.
Avec la collaboration des participants, Miguel Rio Branco réalise quelques photographies de groupe en reconstituant virtuellement un studio en plein-air avec un mur existant comme arrière-plan. Sur le triptyque des Trois Grâces sur fond de mur rose, les trois jeunes indiennes sont particulièrement spontanées, l’une d’entre elles n’arrivant pas à contenir un fou-rire présent sur tous les clichés.
Une très belle exposition empruntée d’un profond humanisme sur la condition humaine.
E.P.
Photos réalistes prises en gros plan montrant des personnages dans des quartiers défavorisés