NICOLAS GALLON ▪ TERRITOIRES DÉNATURÉS
- Eric Poulhe
- 8 nov. 2024
- 2 min de lecture
GALERIE FAIT & CAUSE, PARIS
20 septembre 2024 – 9 novembre 2024

La question de l’énergie nucléaire n’a jamais été autant d’actualité : aléas de la livraison du chantier de l’EPR de Flamanville, développement de « mini » réacteurs, guerre en Ukraine, coup d’état au Niger… En même temps, elle n’a jamais été aussi absente des débats publics.
Je suis né dans le pays le plus nucléarisé du monde, et, comme la plupart de mes concitoyens, je ne m’étais jamais vraiment intéressé à la politique énergétique et encore moins à l’industrie nucléaire. Depuis ma naissance, j’évolue dans le confort. Je suis invité par les injonctions à acheter notamment des objets technologiques et par les messages publicitaires à consommer sans limite et sans questionnement. L’accident de Tchernobyl et son nuage facétieux ne m’ont pas vraiment inquiété.
Je n’ai commencé à me poser des questions qu’au moment de l’accident de Fukushima, mais il aura fallu un des anniversaires de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl pour que je commence à réfléchir sur les choix énergétiques de mon pays.
Je décide d’aller photographier la centrale de Nogent-sur-Seine, la plus proche du lieu où je vis. Stupéfait par ce que je découvre, j’entreprends de photographier toutes les centrales de France en essayant de confronter leur gigantisme et le corps humain. Ce reportage m’amène à enquêter plus globalement sur l’énergie nucléaire. Je me rends dans le Morbihan et en Auvergne pour découvrir les anciennes mines d’uranium, fermées car trop peu productives. En tout, près de 200 sites abandonnés continuent à contaminer les sols et les nappes phréatiques.
La question de l’extraction du combustible soulève celle de la complexité de la transformation de l’uranium et des coûts humains et environnementaux. Le minerai, aujourd’hui acheté au Kazakhstan, au Niger, à l’Ouzbékistan ou à la Namibie, arrive en France après un voyage de plusieurs milliers de kilomètres. Pour connaître l’autre bout de la chaîne, je me rends à La Hague où je découvre son centre de stockage des déchets nucléaires : un territoire transfiguré par l’industrie du nucléaire, jalonné de magnifiques réverbères et de splendides aménagements sportifs et culturels.
Au cours de cette enquête, je rencontre un réseau de personnes engagées, travaillant pour informer la population des conséquences de la production d’électricité d’origine nucléaire. Je m’entretiens avec des hommes et des femmes qui me font part de leurs conditions de travail mais qui refusent pour la plupart d’être photographiés. Je vais à Bure en Haute-Marne où le projet d’enfouissement de déchets nucléaires les plus radioactifs est en cours et où des citoyens et des activistes tentent de mobiliser la population contre sa dangerosité. Enfin, je décide de documenter l’histoire de la lutte antinucléaire. À Plogoff, je découvre, à côté de la Pointe du Raz, une baie préservée par cette lutte à la fin des années 70.
C’est toute cette enquête qui se trouve réunie dans cette exposition. Je n’ai pas fait acte de militantisme ; j’ai simplement fait mon travail de photojournaliste et de citoyen qui se pose des questions sur les choix énergétiques portés par un état, sans concertation de sa population. – Nicolas Gallon / Contextes
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