ROBERT DOISNEAU ▪ L’ESPRIT DE RÉSISTANCE
MUSÉE DE LA RÉSISTANCE NATIONALE, CHAMPIGNY-SUR-MARNE
15 octobre 2023 – 28 avril 2024
Si Robert Doisneau est mondialement renommé en tant que photographe, ses divers actes de résistance sont encore méconnus. Mettant à profit ses compétences de photographe et de graveur, il a pourtant réalisé des faux papiers. Témoin de la vie sous l’Occupation et de la Libération de Paris, Robert Doisneau a contribué, par ses clichés, à former les images de la Résistance dans notre imaginaire collectif. Après-guerre, il a également rendu hommage au travail des imprimeurs clandestins par une série de photographies.
L’esprit de Résistance de Robert Doisneau se traduit aussi dans sa manière de lutter pour l’organisation et la reconnaissance de la profession de photographe à l’ère argentique.
Partenaire de l’exposition, l’Atelier Robert Doisneau a tissé des liens forts avec notre institution depuis la donation de l’artiste en 1985. C’est aussi cette relation privilégiée que nous souhaitons aujourd’hui partager avec le public grâce à des interviews inédites.
Musée de la Résistance nationale
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Avec Robert Doisneau, l’esprit de Résistance, le musée de la Résistance nationale dévoile une période méconnue de la vie du célèbre photographe français, celle d’un combattant de l’ombre durant la Seconde guerre mondiale.
En présentant de nombreuses photographies et documents d’archive, le parcours de l’exposition met en lumière les activités clandestines du photographe et l’activité des travailleurs de l’ombre comme l’étaient les imprimeurs et les éditeurs.
Mettant à profit ses compétences de graveur-lithographe, dès le début de l’Occupation, Robert Doisneau développe une activité de faussaire. De façon artisanale, il confectionne toutes sortes de documents contrefaits : cartes d’identité, passeports, laissez-passer… Au début, c’est pour aider des proches, « pour rendre service », comme il dit. À partir de juin 1941, il travaille pour les réseaux de la Résistance parisienne, sans savoir à qui sont destinés les documents qu’il réalise. Il a ainsi contribué à sauver et protéger de nombreux résistants et personnes persécutées par le régime de Vichy.
Ce n’est qu’après la Libération de Paris, en 1945, qu’il rencontre les travailleurs de l’ombre et découvre tout leur engagement durant l’Occupation. Il réalise alors un reportage sur tous ces acteurs de la Résistance. En montrant l’intégralité de la chaîne opératoire, il dévoile le parcours d’un imprimé clandestin, depuis sa conception, sa production, à sa diffusion. Ces clichés réalisés au printemps 1945, sont des reconstitutions de la période de l’automne 1944. Il l’assume complètement. Il met en scène ses personnage avec une composition, un cadrage et une lumière qui rappelle un roman-photo. Pourtant, il se dégage une impression d’authenticité et d’instantanéité. Dans le futur, comme pour le célèbre cliché du baiser de l’Hôtel de Ville, ce sera un peu sa marque de fabrique, sa signature.
Sous l’Occupation, la pratique de la photographie est encadrée par les autorités allemandes. Robert Doisneau échappe à cette réglementation et réalise des photographies personnelles. En août 1944, pour couvrir l’insurrection parisienne, la Résistance délivre des accréditations aux photographes non suspectés de collaboration. Robert Doisneau reçoit cette autorisation. Ses clichés les plus connus de la Libération de Paris sont présentés ici.
L’exposition présente également de nombreux objets personnels comme son appareil Rolleiflex et ses propres papiers, pour certains contrefaits. De manière pédagogique, il est également présenté au visiteur, notamment les plus jeunes qui ne connaissent que la technologie numérique, les techniques de la photographie argentique.
Robert Doisneau a contribué à la reconnaissance de la photographie comme pratique professionnelle, mais aussi artistique aux côtés des photographes du courant humaniste. L’exposition rend hommage à la mémoire du photographe, du résistant qui ne se considérait pas comme tel, mais aussi à un homme simple et modeste, plein d’humour, humaniste et engagé.
E.P.
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