SOHAM GUPTA ▪ ANGST
- Eric Poulhe
- 12 mars 2022
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin 2023
MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE ROBERT DOISNEAU, GENTILLY
23 octobre 2021 – 15 avril 2022

« Ils ne connaissent pas les terreurs qui passent par la tête lorsqu’on est allongé là dans la fosse à attendre un soupçon de lumière qui annonce que la nuit est terminée. » - Hubert Selby Jr., La Geôle (1971)
« Angst est ma réaction aux épreuves par lesquelles doivent passer les faibles dans notre société.
Ce travail puise ses racines dans mon enfance, quand j’étais l’objet de graves crises d’asthme et dans mes années difficiles d’adolescence passées à essayer de me réconcilier avec les attentes du monde. Au plus profond d’Angst se trouve toute ma colère, toutes mes frustrations, toute ma haine pour ce monde où il n’y a pas de place pour les faibles, où les faibles sont laissés à pourrir. Nourri par cette colère, cette haine, ce cynisme, ce travail photographique est devenu un conte désespéré d’un enfer fictif de la nuit, dont les coins et recoins sont habités par des âmes en décomposition.
En fin de compte, j’aimerais qu’Angst se présente comme un témoignage du requiem d’innombrables rêves dans notre monde et aussi comme une trace de ma jeunesse angoissée. »
Soham Gupta
Traduction française : Paul Muse
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
L’exposition du photographe indien Soham Gupta présentée par la Maison Doisneau ne peut guère mieux porter son nom « Angst », l’angoisse.
Au rez-de-chaussée sont présentés de très beaux portraits en noir et blanc. La post-production est soignée, le cadrage précis, le piqué exceptionnel, la saisie des expressions et de l’émotion parfaite. Les visages des personnages sont magnifiés et on arrive à ne plus voir, pour certains, leur difformité qui, dans d’autres circonstances, pourraient choquer.
À l’étage, ce sont des photographies en couleur qui sont exposées de tailles différentes, petits, moyens et grands formats. Les prises de vue ont été réalisées en pleine nuit, en situation, et généralement les personnages sont cadrés de plain-pied. La lumière du flash écrase le premier plan sans aucun contraste avec l’environnement. On dirait que les photos ont été réalisées avec un vulgaire smartphone en utilisant le programme « photo de nuit ». La couleur renforce le réalisme et des situations. Tous les sentiments sont exprimés : la détresse, la tendresse, l’amour, la désillusion, la joie, la folie, le dénuement au sens propre et figuré...
Dans cette période angoissante de post-covid, de guerre en Ukraine et la perspective de tensions économiques à venir, cette exposition n’est pas destinée aux personnes déprimées. Clairement, elle dérange, secoue et ne laisse pas indifférent.
E.P.
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