THANK YOU FOR SMOKING
- Eric Poulhe
- 7 avr. 2022
- 2 min de lecture
POLKA FACTORY, PARIS
25 mars 2022 – 21 mai 2022

Cette exposition, nouvelle livrée de la collaboration entre Polka Factory et les archives Gamma-Rapho-Keystone, n’est ni un hommage à la cigarette ni une apologie de la consommation de tabac. Plutôt un clin d’œil à la délicieuse incorrection de la photographie, elle aussi objet de désir et de vaporeuses addictions.
Un clin d'œil aussi à vous chers spectateurs, qui prenez tant de plaisir à regarder. Concentrés, fébriles, tremblants, parfois colériques, bousculés par des émotions intenses et peut-être contradictoires… comme celles d’un fumeur tirant sur sa tige de papier roulé.
Cette exposition est aussi un avertissement : c’est quand on fait mentir la photographie que vient le danger. Quand on interdit à Alain Delon, Coco Chanel ou Monsieur Hulot de fumer dans le métro ou sur les flancs des bus pour des besoins publicitaires. Quand, en plus de nous demander d’acheter les yeux fermés, on grignote une partie du personnage, de l’icône ou de l’histoire pour nous faire la leçon.
Face à cette « moraline », la photographie du passé n’a pas dit son dernier mot. Le temps d’une exposition, la Factory Polka se transforme en village d’irréductibles Gaulois pour défendre des images qu’il est de bon ton d’oublier, une fois sous le tapis ou dans la cheminée… Ces images nous racontent notre propre histoire. Celle d’un quotidien où la clope était omniprésente. Déjà le passé. Le dernier souffle, le dernier geste d’un instrument de mort qui nous rend les fantômes d’hier si vivants, loin des pipes électroniques et autres clés USB à mégoter tels des robots.
Polka Factory
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Aujourd’hui, ce n’est plus possible de promouvoir des images avec des personnalités la cigarette au bec. Il n’en fut pas toujours ainsi. Dans les années 1960, tout le monde fumait, que ce soit sur les plateaux de télévision ou de cinéma, qu’on soit un homme ou une femme. Personne n’avait conscience des conséquences médicales, et ceux qui ne fumaient pas, étaient presque des exceptions, des marginaux. C’est désormais l’inverse. On en vient même, avec les outils de retouche d’image accessibles à tous, à faire disparaitre la cigarette sur les images des stars de l’époque, comme l’emblématique photographie d’Alain Delon utilisée par Dior pour la publicité du parfum Eau Sauvage.
Polka Factory considère que les images du passé n’ont pas être transformées et qu’elles doivent être conservées en l’état même si elles montrent des pratiques que l’on condamne aujourd’hui.
L’exposition « Thank You for Smoking » au titre provocateur assumé, sonne donc comme un acte militant pour que, même pour de bonnes raisons de fond, on n’en vienne pas à censurer des images qui sont juste le témoignage de la société d’une époque.
E.P.
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