À PARTIR D’ELLES, DES ARTISTES ET LEUR MÈRE
LE BAL, PARIS
12 octobre 2023 – 25 février 2024
Du 12 octobre 2023 au 25 février 2024, le BAL présente une exposition dédiée aux regards posés par 25 artistes sur leur mère.
Le corpus d’œuvre choisi, qui s’étend des années 1960 jusqu’à nos jours, revient sur les travaux notamment de Sophie Calle, Christian Botanski, Michel Journiac, Anrai Sala, Lebohang Kganye. Dépassant le pur témoignage d’une relation intime inévitablement singulière, ces œuvres sont construites à partir de dispositifs formels et conceptuels impliquant le corps, la figure ou le personnage de la mère dans le processus créatif. Qu’elles cherchent à incarner la réalité de la présence ou les effets de l’absence, toutes ont en commun de considérer la filiation comme une manière de repenser les relations archétypales, entre critique sociale, quête de soi, conjuration ou apaisement.
« Sans doute je serai mal, tant que je n’aurai pas écrit quelque chose à partir d’elle. » Cette phrase de Roland Barthes dans son Journal de deuil en date du 15 décembre 1978, un peu plus d’un an après la mort de sa mère, annonce l’écriture au printemps 1979 de son célèbre ouvrage La Chambre claire. Essai théorique sur la nature du médium photographique, le texte s’articule autour d’une quête : retrouver, en image, la vérité du visage aimé, celui de sa mère disparue.
La mère, dont le regard est certainement le premier miroir de soi mais aussi du monde qui nous entoure, reste l’un des motifs fondamentaux de l’histoire de l’art. Les œuvres assemblées ici, éminemment distinctes tant par les contextes dans lesquelles elles ont été conçues (sociaux, géographiques, temporels) que par les approches formelles et esthétiques qui ont guidé leur réalisation, ont toutes en commun de dépasser le seul témoignage intime. Entre critique sociale, quête de soi, conjuration ou apaisement, qu’elles incarnent la réalité de la présence ou les effets de l’absence, toutes mettent en jeu la question de la filiation et ce qu’il en reste.
Celle que nous croyons si bien connaître n’est-elle pas toujours une énigme, une image qui requiert un acte conscient, volontaire, de mise au point – Asareh Akasheh, Gao Shan, Dirk Braeckman, Hervé Guibert ? Son histoire, celle tue ou celle transmise, en héritons-nous – Anri Sala, LaToya Ruby Frazier, Michele Zaza, Karen Knorr ? Quand un éloignement physique s’impose, comment combler la distance – Mona Hatoum, Chantal Akerman ? Dans ces tête-à-tête, l’implication volontaire de la mère au sein des dispositifs formels imaginés par les artistes devient souvent propice à l’humour et à l’irrévérence – Ragnar Kjartansson, Ilene Segalove, Hannah et Bernhard Blume – quand ils ne sont pas l’occasion d’interroger, défier ou repenser les règles d’un ordre social et moral pesant voire annihilant – Michel Journiac, Christian Boltanski, Mark Raidpere. Enfin quand la mère tend à disparaitre – Jochen Gerz, Paul Graham, Pier Paolo Pasolini – ou qu’elle n’est
déjà plus, comment se construit une nouvelle image – Lebohang Kganye, Sophie Calle, Rebekka Deubner, Ishiuchi Miyako, Hélène Delprat ?
De personnage, la mère devient ici figure, d’accès au monde, de jeu, d’identification, mais aussi de perte et de nostalgie : « Pour vous livrer le fond de mon émoi, l’image de ma mère » – Samuel Beckett.
Julie Héraut
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Le BAL présente l’exposition « À partir d’elle, des artistes et leur mère », en réunissant 26 artistes qui ont entretenu une relation particulière avec la figure maternelle.
L’intérêt de l’exposition réside dans la diversité des projets et des relations que les artistes ont eu avec leur mère. Elle mélange à la fois le média photographique et le film.
Dans sa série « The notion of Family », LaToya Ruby Frazier construit avec la photographie une relation avec sa mère dans le contexte social difficile d’une ville de Pennsylvanie touchée par le déclin industriel et financier des années 2000.
En 1972, Michel Journiac, en hommage à Freud, décide de se travestir en ses parents en utilisant la perruque de sa mère. En 1974, dans la même logique, Christian Boltanski compose des saynètes comiques et burlesques, revisitant, des situations que sa mère a vécues comme le mariage ou la grossesse.
De 2013 à 2016, le photographe chinois Gao Shan conçoit « The Eighth Day » qui correspond au jour où sa mère adoptive l’a ramené à la maison. Petit à petit, cette femme lui est apparue en tant que mère puis en tant que personne.
En 2018 et 2019, le photographe anglais Paul Graham a posé son appareil dans le calme de la chambre où sa mère a passé ses dernières années. Pris dans les mêmes conditions de lumière venant de la fenêtre, les portraits, qui pourraient paraitre répétitifs, traduisent le temps qui passe avec beaucoup de douceur et d’humanité.
Pour sa série « Ke lefa Laka : Her-Story », l’artiste sud-africaine Lebohang Kganye a retrouvé des albums de famille en 2013 et tenu à réincarner une version dédoublée de sa mère jeune en s’inscrivant dans l’image à ses côtés.
Une exposition qui interpelle, avec une collection d’images oscillant entre drôlerie et gravité, avec toujours beaucoup de profondeur.
E.P.
Dossier de presse
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